Is France Backing China’s Currency Against the US Dollar?

La France soutient-elle la devise chinoise face au dollar américain ?

La récente visite d’État du président Macron en Chine a abouti à de rares transactions libellées en yuans. Cela signale-t-il le soutien français à l’internationalisation du renminbi ?

En avril, le président français Emmanuel Macron s’est retrouvé dans l’eau chaude après avoir fait des déclarations controversées en une interview explosive après une visite d’Etat en Chine.

Le dirigeant français a mis en garde contre le fait de devenir des « partisans de l’Amérique » et a rappelé aux Européens que si l’on ne fait pas assez pour renforcer l’autonomie européenne, les pays européens « deviendront des vassaux » lorsque les tensions s’intensifieront entre les États-Unis et la Chine.

Ces commentaires ont poussé les décideurs européens à limiter les dégâts, avec le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki déclarer qu' »au lieu de construire une autonomie stratégique loin des États-Unis, je propose un partenariat stratégique avec les États-Unis ».

Cependant, une remarque largement ignorée de Macron peut s’avérer la plus importante. Le dirigeant français a également suggéré que l’Europe réduise sa dépendance à « l’extraterritorialité du dollar américain », se référant à la capacité de Washington à refuser aux pays l’accès au système financier mondial dominé par le dollar.

Cette inquiétude renvoie à la décision de l’ancien président américain Donald Trump de mettre fin à la participation de Washington à l’accord sur le nucléaire iranien. Cela a réintroduit un régime de sanctions strict qui a forcé les entreprises européennes à se retirer d’Iran ou à risquer d’être elles-mêmes sanctionnées. Cette décision unilatérale a suscité de vives critiques de la part de l’Europe d’une prétendue « militarisation » du dollar qui porte atteinte à la souveraineté européenne.

Les accords conclus autour de la visite d’État de Macron en Chine semblent indiquer une volonté de la France de répondre à cette préoccupation, notamment en soutenant l’utilisation du yuan ou du renminbi chinois dans le commerce international.

Pour la toute première fois, un accord finalisé lors de la visite entre le géant français du transport maritime CMA CGM et China State Shipbuilding Corporation a été effectué en yuan chinois. Il s’agissait de la plus importante commande de construction navale passée en Chine à ce jour, avec une commande passée pour 16 navires d’une valeur de 21 milliards de yuans (3,1 milliards de dollars).

Une semaine auparavant, les sociétés françaises Total Energies et China National Offshore Oil Corporation avaient conclu Premier achat de gaz naturel liquéfié (GNL) en yuan par le biais du Shanghai Petroleum and Natural Gas Exchange.

« Il est clair que les entreprises françaises recherchent une forme de protection contre leurs risques perçus du dollar, dont la Chine tire parti pour faire avancer son programme de réduction de sa propre exposition à l’extraterritorialité financière américaine », a observé le Dr Mathieu Duchâtel, directeur des études internationales. à l’Institut Montaigne, un groupe de réflexion basé à Paris.

En utilisant le yuan au lieu du dollar, ces transactions suppriment l’intermédiaire des banques américaines. Amasser la monnaie chinoise permet également aux entreprises françaises de faire des achats en Chine directement sans les États-Unis comme intermédiaire. Cet arrangement pourrait à terme transformer radicalement le rôle mondial des institutions bancaires chinoises, car l’internationalisation de la monnaie chinoise les propulserait au premier plan du système financier international.

Ces accords suivent une tendance croissante des pays à adopter le yuan pour le commerce international. En avril dernier, Israël ajouté le yuan à ses réserves de change et en août l’Égypte a dit il émettrait des obligations d’État en yuan. En février, l’Irak annoncé ses intentions de permettre que le commerce de la Chine se règle en yuan, tandis que le Brésil a complètement abandonné le dollar dans son commerce avec la Chine en être d’accord avec Pékin pour échanger des devises mutuelles.

Lors de sa propre visite en Chine, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ouvertement critiqué la centralité du dollar américain. « Pourquoi chaque pays devrait-il être lié au dollar pour le commerce ?… Qui a décidé que le dollar serait la monnaie (mondiale) ? » a interrogé Lula dans une réprimande claire du rôle du dollar américain. « Aujourd’hui, les pays doivent courir après les dollars pour exporter, alors qu’ils pourraient exporter dans leur propre monnaie », a-t-il poursuivi.

Pour Paris, cependant, sa position sur la question est encore loin d’être évidente. « Il est beaucoup trop tôt pour dire si ces accords libellés en renminbi signalent un soutien français plus large à l’internationalisation de la monnaie chinoise », a averti Duchâtel. « A ce stade, il n’y a que des preuves anecdotiques, mais c’est une tendance qui mérite d’être observée. »

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