L’arrestation d’Imran Khan met le Pakistan sur une trajectoire incertaine
Les attaques de ses partisans contre les installations de l’armée créent un dangereux précédent et éroderont davantage le soutien de l’armée à l’ancien Premier ministre et à son parti.
La police utilise un canon à eau pour disperser les partisans de l’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan qui protestaient contre l’arrestation de leur chef, à Karachi, au Pakistan, le mardi 9 mai 2023.
Crédit : AP Photo/Fareed Khan
À un moment décisif pour le Pakistan, l’ancien Premier ministre du pays, Imran Khan, a été arrêté dans le cadre d’une affaire de corruption massive. L’arrestation est susceptible de le maintenir en garde à vue pendant des jours. Il a envoyé des ondes de choc dans tout le pays et l’a placé sur une trajectoire incertaine.
L’arrestation de Khan dans l’affaire Al-Qadir Trust est un revers majeur pour le parti pakistanais Tehreek-e-Insaf (PTI). « L’affaire concerne l’acquisition illégale de terrains et la construction de l’université Al-Qadir impliquant des avantages illégaux accordés dans le cadre du recouvrement du produit principal (190 millions de livres) par l’intermédiaire de la National Crime Agency, au Royaume-Uni », a déclaré le National Accountability Bureau (NAB) du Pakistan dans un communiqué. Le NAB soutient que Khan et sa femme ont conclu un accord avec Malik Riaz, un important magnat de l’immobilier au Pakistan, qui a causé une perte de plus de 239 millions de dollars au Trésor public dans le scandale par lequel des terres de premier ordre ont été transférées à des taux modiques.
Les implications de cette arrestation sont considérables et auront des conséquences importantes sur le paysage politique pakistanais.
Au cours de l’année écoulée, Khan a mené une agitation contre les institutions de l’État pour faire pression sur elles et échapper à l’arrestation. Ses tactiques ont consisté à cibler les institutions de l’État en tant que stratégie préventive et à alimenter la violence. Il a réussi à mobiliser des partisans et à attirer l’attention des médias internationaux.
On ne sait toujours pas quel impact cela aura sur l’économie du pays, mais il est certain que des répliques se feront sentir dans tous les coins de la société alors que les partisans de Khan tentent de se réconcilier avec cette évolution. L’arrestation a déclenché de vastes manifestations à travers le pays. Les partisans du PTI sont descendus dans la rue pour protester, se livrant à des émeutes et attaquant les maisons du personnel de l’armée, bien que leur chef ait été arrêté dans une affaire poursuivie par l’organisme anti-corruption.
L’arrestation de Khan a laissé les dirigeants de deuxième niveau du parti dans un état de choc alors qu’ils cherchent leur prochain mouvement et ne savent pas comment apaiser les travailleurs du parti. Les travailleurs, qui pendant des mois ont été amenés à croire que leur chef était victime, se livrent à des violences de masse et il n’y a personne du parti qui puisse les arrêter. L’entrée des travailleurs du PTI dans la maison du commandant du corps de Lahore crée un dangereux précédent et pourrait avoir de graves conséquences pour le parti.
La violence récente des partisans du PTI a mis le parti sur la voie de l’isolement et porte sa confrontation avec la puissante armée pakistanaise à un tout autre niveau. Il est peu probable que Khan reçoive désormais de l’aide de l’armée. Les troubles ont clairement montré que les institutions de l’État, y compris le pouvoir judiciaire, ne viendront pas à son aide. Cela signifie également que tout soutien qu’il aurait pu avoir au sein de ces institutions a maintenant disparu.
En se livrant à la violence, le PTI a mis fin à toutes les chances d’engagement et de réconciliation avec les dirigeants civilo-militaires. Cela a encore détérioré les relations déjà tendues entre les deux entités et il est fort probable que Khan se verra interdire de participer aux futures élections.
L’arrestation de Khan intervient à un moment où le Pakistan est sur le point de faire défaut sur ses emprunts. Le pays est en proie à une grave crise économique. L’inflation croissante, le chômage et la pauvreté ont rendu la vie quotidienne des masses extrêmement difficile. Le pays a un besoin urgent d’investissements étrangers pour maintenir son économie à flot. Pendant des mois, le Fonds monétaire international (FMI) a refusé de débloquer des fonds en raison du manque de réformes économiques, de discipline budgétaire et de stabilité politique. Les négociations en cours du Pakistan avec le FMI risquent de connaître un nouveau revers avec l’arrestation de Khan.
L’arrestation d’un dirigeant de l’un des partis les plus populaires du Pakistan devrait accroître les tensions politiques. C’est une période tendue pour le Pakistan car il fait face à une nouvelle crise politique qui pourrait potentiellement conduire à davantage de troubles et d’instabilité dans le pays.