L’Indonésie et la Malaisie saluent le report proposé de la réglementation européenne sur la déforestation
L'Indonésie et la Malaisie ont salué la proposition controversée de l'Union européenne de retarder la mise en œuvre de sa nouvelle loi anti-déforestation, à laquelle elles s'opposent farouchement depuis sa création l'année dernière.
Mercredi, la Commission européenne a annoncé qu'elle proposerait de retarder la mise en œuvre du règlement de l'Union européenne sans déforestation (EUDR), qui interdit les importations européennes d'une série de produits liés à la destruction des forêts.
La proposition, qui a été durement critiquée par les groupes environnementaux, fait suite à un intense lobbying de la part des gouvernements et des entreprises du monde entier, qui affirmaient que l'EUDR pénalisait injustement leurs exportations vers l'Europe et nuirait aux petits agriculteurs et aux entreprises.
Parmi les opposants les plus virulents à cette loi figuraient la Malaisie et l'Indonésie, les deux principaux producteurs mondiaux d'huile de palme, qui, compte tenu de ses liens de longue date avec « la destruction généralisée des forêts tropicales et la perte de la faune sauvage » en Asie du Sud-Est, devait faire l'objet d'un examen particulier une fois que l'adoption de la loi a eu lieu. L'EUDR était en vigueur. Les deux pays représentent ensemble 85 pour cent de la production mondiale d’huile de palme.
Après la promulgation de la loi, Airlangga Hartarto, ministre indonésien de coordination des affaires économiques, a critiqué l'EUDR comme une forme d'« impérialisme réglementaire ». Un haut responsable commercial malaisien a suggéré que son pays pourrait cesser complètement ses exportations d’huile de palme vers l’UE.
La Malaisie et l'Indonésie, qui ont uni leurs forces l'année dernière pour faire pression contre la loi, ont salué hier le retard proposé par la Commission dans la mise en œuvre de la loi. Dans un communiqué publié hier, le Conseil malaisien de l'huile de palme a qualifié cette décision de « victoire du bon sens », a rapporté l'agence de presse AFP.
« Au cours des deux dernières années, la Malaisie a constamment fourni la preuve… que la date de mise en œuvre du 30 décembre 2024 était irréalisable et que les systèmes de l'UE n'étaient pas prêts », a déclaré le conseil.
L'association indonésienne de l'huile de palme, GAPKI, est du même avis. « Nous continuerons à plaider contre les réglementations qui sont lourdes ou non conformes à la loi indonésienne », a déclaré le président du GAPKI, Eddy Martono, à Reuters.
Dans une autre interview accordée à Reuters publiée hier, Airlangga Hartarto, le ministre coordonnateur des affaires économiques du pays, a déclaré que Jakarta était satisfaite du retard, mais qu'elle estimait que la législation devrait être purement et simplement abrogée. En particulier, il a exprimé son opposition à l'évaluation comparative des pays en matière de déforestation par l'UE, qui verra la Commission européenne classer les pays comme présentant un risque élevé, standard ou faible en termes de conformité avec l'EUDR.
« Il ne s'agit pas de retard mais de règles d'application », a déclaré Airlangga à l'agence de presse. « L'UE n'a pas le droit d'être une agence de notation. » Le report proposé a également été bien accueilli par les producteurs de café vietnamiens.
L’EUDR, qui a été approuvé par l’UE fin 2022 et est entré en vigueur en juillet de l’année dernière, vise à « garantir qu’un ensemble de biens clés placés sur le marché de l’UE ne contribueront plus à la déforestation et à la dégradation des forêts dans l’UE et ailleurs dans le monde », a déclaré la Commission européenne dans un communiqué suite à l'adoption de la loi.
Pour y parvenir, il exige que toute personne important ou exportant des produits liés à la dégradation des forêts vers ou hors du marché de l’UE doit prouver que les produits ne proviennent pas de terres récemment déboisées et n’ont pas contribué à la dégradation des forêts. Outre l’huile de palme, la loi s’appliquera à une gamme de produits, notamment le bétail, le soja, le café, le cacao, le bois et le caoutchouc, ainsi qu’à divers autres produits qui en dérivent.
Avant ce retard, les entreprises disposaient d’un délai du 30 décembre 2024 pour se conformer au EUDR. Lorsque le délai sera approuvé par les ministres de l'UE et le Parlement européen, la loi entrera en vigueur le 30 décembre 2025 pour les grandes entreprises et le 30 juin 2026 pour les petites entreprises.