Singapore’s New President Does Not Imply a Mandate for the PAP

Le nouveau président de Singapour n’implique pas de mandat pour le PAP

Lors de la récente élection présidentielle de Singapour, Tharman Shanmugaratnam, un ancien homme d’État, personnalité internationale et candidat de l’establishment, a obtenu un vote populaire record, ce qui a incité certains analystes occidentaux à interpréter le résultat comme un signe de la confiance des Singapouriens dans le Parti d’action populaire au pouvoir. (BOUILLIE).

Cependant, cette élection ne constitue pas un soutien au parti au pouvoir, qui est victime d’une série de scandales impliquant certains de ses plus hauts dirigeants et de ses dirigeants ministériels.

La présidence de Singapour est unique, car elle combine les fonctions cérémonielles de chef de l’État avec les fonctions de sauvegarde des réserves nationales et de l’intégrité de la Commission de la fonction publique. Ces deux dernières fonctions ont été introduites par Lee Kuan Yew après une victoire de 13 pour cent contre le PAP lors des élections générales de 1984. Ce faisant, Lee a cherché à empêcher toute mauvaise gestion potentielle des réserves nationales par un gouvernement inexpérimenté non-PAP grâce à un résultat électoral « anormal ». Les critères stricts d’éligibilité des candidats à la présidentielle garantissent que même si le PAP perdait un jour sa majorité parlementaire, le contrôle des réserves nationales resterait fermement entre les mains du parti au pouvoir.

Les critères d’éligibilité des candidats à la présidence limitent effectivement le bassin aux personnes ayant une expérience dans le secteur privé ou dans le secteur public. Les candidats du secteur privé sont rares, laissant les Singapouriens choisir entre des candidats du secteur public. Ces candidats sont limités aux personnes ayant occupé des postes tels que ministres et présidents du Parlement. Historiquement, ces rôles ont été occupés par des membres du PAP ou des personnes nommées par le PAP.

En fait, il n’existe aujourd’hui à Singapour aucun ministre ou président de Parlement non membre du PAP. Par conséquent, chaque président singapourien élu depuis 1993, à une exception près, a été un ancien ministre du PAP ou président du Parlement. La domination du PAP à ces postes clés souligne le contrôle du parti sur la présidence.

En regardant de près les nuances de cette élection, il y a trois raisons principales pour lesquelles la victoire de Tharman n’équivaut pas à un mandat retentissant du PAP.

Premièrement, la popularité personnelle de Tharman parmi les électeurs transcende les lignes partisanes. Avec plus de deux décennies d’expérience en tant que ministre du PAP, il est sans doute le membre le plus populaire du parti. Même pendant les périodes où la part des électeurs du PAP diminuait depuis 2011, Tharman a toujours obtenu une forte majorité aux élections législatives. Un sondage de 2016 indiquait que 69 % des Singapouriens le soutiendraient en tant que prochain Premier ministre de Singapour, soulignant son large attrait. Curieusement, seulement 10 pour cent ont exprimé une préférence pour le vice-Premier ministre Lawrence Wong, l’actuel héritier présumé du PAP.

La réputation de Tharman s’étend au-delà des frontières de Singapour, le positionnant comme un homme d’État international connu pour son sens économique et diplomatique. La popularité personnelle de Tharman a donc joué un rôle important dans son succès électoral, mais elle ne se traduit pas nécessairement par un soutien inébranlable au parti au pouvoir.

Deuxièmement, les critères d’éligibilité des candidats limitaient la concurrence de Tharman, le laissant face à des candidats moins connus. Alors que Tharman a occupé plus de deux décennies de fonctions publiques, les deux autres candidats à l’élection étaient des personnalités relativement inconnues et non testées aux yeux du public, bien qu’ils satisfassent aux critères d’éligibilité.

Peu de Singapouriens connaissaient Ng Kok Song, l’ancien directeur des investissements de la Government of Singapore Investment Corporation (GIC), le plus grand fonds souverain du pays, jusqu’à ce qu’il annonce sa candidature à la présidence. Tan Kin Lian, ancien PDG de NTUC Income, la branche assurance de la centrale syndicale nationale de Singapour ayant une relation historique avec le parti au pouvoir, était plus reconnaissable mais a fait face à une controverse à cause de ses déclarations sur les femmes et la race. Les critères d’éligibilité favorisent des candidats comme Tharman, qui occupent des fonctions publiques et des antécédents établis, ce qui a encore renforcé sa victoire.

Enfin, les Singapouriens ont reconnu que cette élection visait à sélectionner le meilleur homme d’État et gardien des réserves, plutôt que de servir de référendum sur la gouvernance du PAP.

Alors que certains partis d’opposition ont défendu Tan Kin Lian, le principal Parti des travailleurs (WP) et le plus petit Parti du progrès de Singapour (PSP) se sont abstenus de présenter ou de soutenir des candidats. Les médias publics ont souligné le rôle de la présidence dans la sauvegarde des réserves nationales et la représentation de Singapour sur la scène internationale. La réputation internationale de Tharman et son expérience en tant que ministre des Finances ont davantage répondu à ces critères que Ng et Tan.

La victoire de Tharman Shanmugaratnam à l’élection présidentielle représente une victoire pour Singapour en tant que petite nation qui fait plus que son poids, mais pas un vote de confiance envers le Parti d’action populaire au pouvoir. Sa performance pourrait être considérée comme une victoire pour l’establishment, qui compte encore un autre président dans ses rangs, mais le PAP sait que les élections parlementaires sont le seul véritable test décisif.

Dans ce contexte, la décision de s’abstenir de déclencher des élections partielles pour pourvoir les trois sièges vacants du PAP laissés par Tharman et les démissions de l’ancien président du Parlement Tan Chuan Jin et du député du PAP Cheng Li Hui pour avoir eu une relation inappropriée reflètent une reconnaissance du fait que Les Singapouriens voteront probablement contre le PAP, soulignant encore davantage la distinction entre l’attrait personnel de Tharman et le soutien du parti.

Tharman s’acquittera de ses fonctions avec esprit, décorum et conscience de la situation qu’un président devrait faire preuve pour représenter la marque singapourienne sur la scène mondiale. Tharman servira bien les Singapouriens, mais sa victoire ne constitue pas un vote de confiance pour le parti au pouvoir.

A lire également