Nepal Registers First Same-Sex Marriage

Le Népal enregistre son premier mariage homosexuel

Le 29 novembre, le Népal a enregistré son premier mariage homosexuel entre Ram Bahadur (Maya) Gurung et Surendra Pandey. Ce pays est ainsi devenu le deuxième pays d’Asie – après Taïwan – à enregistrer officiellement un mariage homosexuel.

L’enregistrement a eu lieu dans la municipalité rurale de Dordi, dans le district de Lamjung, après que la Cour suprême a rendu une ordonnance provisoire autorisant l’enregistrement des mariages homosexuels et la tenue de registres de mariage temporaires.

Les militants ont salué la décision de la Cour suprême. Sunil Babu Pant, ancien parlementaire ouvertement gay et ancien directeur exécutif de la Blue Diamond Society, a déclaré : « (T) l’aspect essentiel réside dans la reconnaissance du mariage avec identité, ouvrant la voie à d’autres couples. » Blue Diamond Society est une organisation qui défend les droits LGBT au Népal.

Cette décision est le point culminant d’une série de verdicts progressistes rendus par le système judiciaire népalais. En 2007, la Cour suprême du Népal a ordonné au gouvernement de reconnaître une troisième catégorie de genre, de vérifier toutes les lois discriminatoires à l’égard des personnes LGBT et de former un comité chargé d’étudier la reconnaissance juridique des relations homosexuelles. En 2010, la Commission électorale et les formulaires d’immigration ont ajouté l’option « autre » en plus des hommes et des femmes, reconnaissant légalement une troisième catégorie de genre. En 2011, le Népal est devenu le premier pays au monde à inclure un troisième sexe dans son recensement. Le Népal a commencé à délivrer des passeports reconnaissant le troisième sexe en 2015. La Constitution du Népal de 2015 protège les minorités sexuelles.

Le pouvoir judiciaire mérite une tape dans le dos pour son approche progressiste. La décision de 2007 de la Cour suprême a constitué une étape cruciale dans la reconnaissance des droits LGBT comme droits humains fondamentaux. La Cour suprême a ordonné au gouvernement de formuler une loi pour le mariage homosexuel en 2015, sur la base du comité d’étude mandaté dans la décision de 2007. Un an plus tôt, la Cour suprême avait ordonné au gouvernement de délivrer un visa non touristique, similaire à celui accordé aux conjoints hétérosexuels de citoyens népalais, à Tobias Volz, le partenaire de même sexe d’Adheep Pokharel. Plus tôt en juin, le plus haut tribunal a rendu une ordonnance provisoire au gouvernement népalais pour reconnaître le mariage homosexuel en permettant aux couples de même sexe et aux autres couples non hétérosexuels d’enregistrer leur mariage.

Cependant, les progrès n’ont été ni fluides ni linéaires. Malgré l’orientation du plus haut tribunal, le nouveau Code civil de 2017 stipule qu’un mariage peut être conclu lorsqu’un « homme et une femme s’acceptent comme mari et femme » établis pour commencer la vie conjugale et familiale. Deux tribunaux inférieurs avaient rejeté la demande d’enregistrement de mariage de Gurung et Pandey, fondant leur décision sur le Code civil.

Les dirigeants politiques méritent d’être félicités, même s’ils sont également nuancés. Les dispositions des constitutions sont en général progressistes et reconnaissent les droits du troisième sexe. Cependant, le gouvernement et les dirigeants politiques ont fait preuve, au mieux, d’un « soutien paresseux », ou, au pire, d’une ignorance délibérée dans sa mise en œuvre. Bien que le comité mandaté par la Cour suprême ait recommandé d’autoriser toutes les formes de mariage en 2015, le Code civil définit le mariage de manière étroite comme celui entre un homme et une femme. Il n’a pas accordé à Volz le visa non touristique jusqu’à ce que la Cour suprême lui en donne l’ordre.

La lutte pour l’égalité et la représentation ne s’arrête pas là. L’ordonnance de la Cour suprême est provisoire et l’enregistrement est temporaire. Le Code civil doit être modifié pour définir le mariage de manière plus inclusive et atténuer les divergences entre les dispositions sur l’égalité de la Constitution et du Code civil. Tous les bureaucrates ou élus ne seront pas aussi accueillants que ceux de la municipalité rurale de Dordi, et tous les autres couples n’auront pas non plus les moyens de porter leur cas devant la Cour suprême.

La société népalaise pose un autre défi. Même si les attitudes ont rapidement changé au Népal au cours des deux dernières décennies, la société reste largement conservatrice. Les deux juges du tribunal inférieur ont refusé l’enregistrement de leur mariage malgré le verdict de la Cour suprême en juin. Un juge du tribunal de district de Katmandou a rejeté la demande de Gurung et Pandey, citant le Code civil, et la Haute Cour de Patan a confirmé la décision du tribunal de district en octobre. Pant a qualifié les juges de « préjugés et conservateurs ».

Le recensement népalais de 2021 ne répertorie que 2 928 personnes appartenant à la catégorie des minorités sexuelles et de genre, soit seulement 1 personne sur 10 000. Cependant, diverses études ont montré que 2 % des personnes dans le monde s’identifient comme telles. Cela montre qu’un grand nombre de minorités sexuelles au Népal hésitent à s’identifier comme telles en raison de la stigmatisation sociale, malgré les progrès réalisés par le Népal au cours des dernières décennies.

Cela dit, c’est une étape importante dans la bonne direction pour les droits LGBT. Le Népal a développé une réputation de « phare mondial des droits LGBT », et l’enregistrement des mariages homosexuels renforce ce récit.

Cela arrive à un moment critique au Népal et dans l’environnement mondial. Le zèle progressiste dont faisaient preuve les partis politiques népalais depuis la fin de l’insurrection maoïste au début des années 2000 a décliné, mais la résurgence du conservatisme social qui a persisté dans les politiques inclusives dans les pays du monde entier n’a pas encore atteint le Népal.

Dans le voisinage, la Cour suprême indienne a traîné les pieds dans un arrêt rendu le mois dernier pour affirmer que « c’était au pouvoir législatif, et non à la Cour, de reconnaître formellement et d’accorder un statut juridique aux relations non hétérosexuelles ».

Le système judiciaire népalais mérite donc d’être reconnu et constitue un exemple pour les autres systèmes judiciaires. Dans le même temps, le gouvernement et le parlement doivent agir pour apporter les changements nécessaires aux lois afin de garantir que ce droit soit mis en œuvre et accessible. Il y a un long chemin à parcourir pour parvenir à l’égalité LGBT au sens propre du terme, mais le pas du Népal va dans la bonne direction et insuffle un nouvel espoir dans la lutte.

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