Ce que signifie le retour de Nawaz Sharif au Pakistan
L’ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif quitte un tribunal à Lahore, au Pakistan, le 8 octobre 2018.
Crédit : AP Photo/KM Chaudary, dossier
Le retour au Pakistan de Nawaz Sharif, trois fois ancien Premier ministre et suprémo de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N), plus tard ce mois-ci, après quatre ans d’exil volontaire à Londres, soulève des questions intrigantes sur l’état de normalité politique dans le pays. .
À la suite du scandale des Panama Papers en 2018, qui a révélé un réseau de corruption et de comptes offshore impliquant des personnalités du monde entier, Sharif a été reconnu coupable de corruption et emprisonné au Pakistan. Cependant, quelques mois après son emprisonnement, les tribunaux locaux l’ont autorisé à quitter le pays, soi-disant pour suivre des soins médicaux à l’étranger.
Pendant des années, le PML-N a nié avec véhémence tout acte répréhensible et a accusé l’ancien dirigeant du puissant établissement de sécurité du pays de conspirer contre lui pour mettre fin à sa carrière politique.
La décision de Sharif de retourner au Pakistan suggère un niveau de confiance raisonnable parmi les forces politiques quant au caractère inclusif et équitable des prochaines élections. Son retour signifie un changement potentiel vers un paysage politique plus inclusif, dans lequel un parti qui prétend que son mandat a été volé lors des élections générales de 2018 aura potentiellement une chance égale de participer aux élections.
Apparemment, le retour de Sharif ne fait partie d’aucun accord avec les dirigeants actuels de l’establishment sécuritaire. La semaine dernière, le Premier ministre par intérim Anwaarul Haq Kakar a rejeté l’impression selon laquelle la décision du chef suprême de la PML-N de retourner au Pakistan faisait partie d’un compromis avec son gouvernement. « Le gouvernement intérimaire n’a aucun faible pour le PML-N ou tout autre parti politique… comment un gouvernement intérimaire peut-il conclure un tel accord ? a déclaré le premier ministre aux journalistes.
Cependant, les critiques affirment que Sharif n’aurait pas décidé de retourner au Pakistan sans conclure un accord. Ce raisonnement a du poids au Pakistan, où la puissante armée a été accusée de jouer un rôle influent sur la scène politique.
Même si un accord ouvrait la voie au retour de Sharif au Pakistan, il serait bénéfique pour le pays. La politique pakistanaise a été profondément polarisée, surtout ces dernières années. Pour que les divisions du pays se résorbent et que son système politique sorte de l’incertitude, il est crucial que la normalité politique revienne d’abord.
Le retour de Sharif pourrait lui permettre de défendre ses arguments sur le fond, avec la certitude qu’il ne sera ni harcelé ni victimisé. Il est important de noter qu’en plus de son ancienne condamnation, Sharif n’a toujours pas le droit de participer aux élections et il reste à voir si le tribunal lui accordera une réparation à son retour.
Le gouvernement intérimaire a déclaré que tous les partis politiques, y compris le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), sont autorisés à participer aux élections et que ni les membres du parti ni le parti lui-même ne sont soumis à des restrictions. Le PTI a fait valoir dans le passé qu’il avait été injustement ciblé politiquement.
Les attaques incessantes du PTI contre les institutions de l’État, ses tentatives de saper le rôle du Parlement et le recours à la force de rue pour déstabiliser le système ont divisé le parti. Les factions dissidentes se séparent pour participer aux élections.
Il est néanmoins encourageant de voir que le parti pourra se présenter aux élections et qu’il ne refusera pas de participer au système. Quant au chef du PTI, Imran Khan, il pourrait être condamné à une peine importante de prison pour avoir utilisé un chiffre diplomatique secret à son avantage personnel.
Quoi qu’il en soit, l’évolution concernant le retour de Sharif est cruciale pour le processus démocratique, car elle indique une volonté des principales parties prenantes de s’engager dans une saine concurrence et de respecter les principes démocratiques. L’establishment militaire actuel ne semble pas non plus disposé à raviver les vieilles batailles avec Sharif et à le laisser se battre pour des fonctions politiques. Malgré les provocations du PTI au cours des derniers mois, l’establishment a réagi calmement et a fait preuve de retenue, signe que l’État est de nouveau en train de trouver des moyens et de soutenir des processus pour remettre le pays et son économie sur pied.
En retournant au Pakistan, Nawaz Sharif exprime sa confiance dans le système démocratique du Pakistan et sa conviction qu’il ne sera pas traité injustement. Son retour au pays symbolise la possibilité d’un retour à la normale politique dans le pays.