Que contient la nouvelle stratégie anti-corruption de la Mongolie ?
Le gouvernement mongol a adopté une législation radicale au cours de sa session du printemps 2023, y compris un ensemble de réformes constitutionnelles majeures. La législature envisage actuellement une stratégie nationale de lutte contre la corruption, visant à lutter contre la corruption dans toutes les facettes de la vie publique mongole jusqu’en 2030.
Le gouvernement a articulé ses efforts pour renforcer la précédente stratégie de lutte contre la corruption – datant de 2006 – avec une mise à jour attendue depuis longtemps. En février, le Premier ministre de Mongolie, Oyun-Erdene Luvsannamsrai, a annoncé que 2023-2024 seraient des années pour lutter contre la corruption en adoptant la résolution n° 49.
En mars, le ministre mongol de la justice et de l’intérieur, Nyambaatar Khishgee participé lors de la réunion régionale indo-pacifique du deuxième Sommet pour la démocratie à Séoul, en Corée du Sud. Il a souligné la volonté du gouvernement mongol de s’attaquer aux diverses causes de la corruption par le biais de réformes globales et a présenté publiquement pour la première fois la nouvelle stratégie anti-corruption.
Le ministère de la Justice et des Affaires intérieures a officiellement soumis la stratégie au Grand Khoural d’État, l’organe législatif mongol, en avril.
Au milieu de ces efforts, le score de l’indice de perception de la corruption (IPC) de la Mongolie est passé de 35 en 2021 à 33 en 2022, selon le rapport annuel historique de Transparency International. Les scores représentent « le niveau perçu de corruption dans le secteur public sur une échelle de 0 à 100, où 0 signifie très corrompu et 100 signifie très propre ».
Selon une source officielle, la nouvelle stratégie anti-corruption est une réforme globale qui incorpore des éléments plus récents tels que « la dénonciation, la révocation des agents publics corrompus, l’extradition et le rapatriement des personnes inculpées, le recouvrement des avoirs et la transparence ».
Ces dernières années, d’importants scandales de corruption ont conduit des milliers de personnes à affluer sur la place Sukhbaatar de la capitale mongole, exigeant que le gouvernement s’attaque à la corruption. Certains de ces scandales impliquent directement des dénonciateurs. Par conséquent, la législation protégeant les lanceurs d’alerte et leurs droits n’est pas seulement liée à la gouvernance démocratique de la Mongolie, mais encourage également d’autres personnes à dénoncer la corruption dans la fonction publique et leur environnement de travail.
Selon Nyambaatar, la nouvelle stratégie anti-corruption établit 10 objectifs nationaux avec 45 objectifs et 224 activités indépendantes, qui peuvent renforcer la coopération avec les organisations de la société civile et le secteur des médias.
En outre, la stratégie comprend des mesures visant à introduire la nomination transparente des fonctionnaires, à assurer une plus grande protection des lanceurs d’alerte et des journalistes et à établir un nouveau cadre de gouvernance pour les actifs contrôlés par l’État et des initiatives éducatives afin de créer une culture de lutte contre la corruption dans la vie publique.
Dans l’économie extractive de la Mongolie, la transparence est étroitement liée à la corruption et donc aux efforts anti-corruption du gouvernement. La nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption proposée doit montrer des progrès dans ses efforts pour s’aligner sur les normes internationales.
En outre, la nouvelle stratégie comprend des mesures visant à normaliser les opérations des entreprises publiques mongoles. L’objectif est de faire en sorte que toutes les entreprises publiques suivent des règles cohérentes tout au long des processus tels que la nomination et la révocation de personnalités publiques ainsi que les appels d’offres et les marchés publics.
La nouvelle stratégie anti-corruption vise également à accroître la collaboration avec des organisations nationales et internationales telles que l’Autorité indépendante contre la corruption (IACC) de Mongolie, Transparency International, basée en Allemagne, et la Brookings Institution, un groupe de réflexion américain de premier plan. La collaboration avec Brookings vise à se lancer dans un vaste projet de recherche, dans le but de parvenir à des mesures tangibles pour les objectifs de lutte contre la corruption et de faire participer la Mongolie à l’initiative Anti-Corruption, Democracy, and Security (ACDS).
Dans une interview de 2022 avec The Diplomat, Dashdaavaa Zandraa, le directeur général de l’IACC, a mis en lumière la collaboration croissante de la Mongolie avec les organismes internationaux de lutte contre la corruption, qui, en principe et en pratique, devrait renforcer la transparence.
Les classements internationaux, comme l’IPC de Transparency International, affectent la gouvernance de la Mongolie et la façon dont le monde perçoit les actions du gouvernement. En mai, le président du Grand Khoural d’État de Mongolie, Zandanshatar Gombojav, a organisé une réunion avec Herta Däubler-Gmelin, ancienne ministre allemande de la justice, et Peter Eigen, fondateur de Transparency International, pour discuter des efforts continus du pays pour lutter contre la corruption et de la proposition amendement de sa constitution (qui a depuis été adopté).
Selon l’agence de presse Montsame, « Au cours de la réunion, Mme Däubler-Gmelin et M. Aigen… ont reconnu les efforts déployés par le Grand Khural d’État et le gouvernement de Mongolie dans la lutte contre la corruption dans le passé. Ils se sont également engagés à offrir tout soutien et assistance depuis le siège de Transparency International à Oulan-Bator et à Berlin.
L’engagement de la Mongolie pour l’« Année de la lutte contre la corruption » implique son parlement, qui joue un rôle majeur dans le renforcement du cadre législatif de lutte contre la corruption à tous les niveaux.
Oyun-Erdene, Premier ministre mongol, a souligné l’accent mis par le gouvernement sur les initiatives de lutte contre la corruption au sein de l’industrie extractive, compte tenu de sa contribution significative de 93 % aux exportations totales du pays.
La nouvelle stratégie anti-corruption, si elle est adoptée par la législature, peut moderniser les efforts de la Mongolie dans la lutte contre la corruption majeure à tous les niveaux de la société. L’espoir est que la nouvelle stratégie s’attaque à la corruption au plus haut niveau, tant au sein du gouvernement que dans le secteur public. La collaboration entre le gouvernement mongol, l’IACC et les organisations internationales laisse espérer des changements positifs à venir.