L’USCIRF met à nouveau en lumière les violations des libertés religieuses en Asie centrale
Dans son dernier rapport annuel, l’USCIRF recommande de désigner le Tadjikistan et le Turkménistan comme « pays particulièrement préoccupants » et demande que le Kazakhstan et l’Ouzbékistan soient inclus dans la liste de surveillance spéciale pour les violateurs de la liberté religieuse.
La mosquée mineure de Tachkent, Ouzbékistan, 2019.
Crédit : Catherine Putz
La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) a une fois de plus recommandé que le Département d’État américain désigne le Tadjikistan et le Turkménistan comme « pays particulièrement préoccupants » (CPC) pour être parmi les pires violateurs de la liberté religieuse au monde. En outre, le rapport recommande également que le Kazakhstan et l’Ouzbékistan soient inscrits sur la « liste de surveillance spéciale » pour « se livrer ou tolérer de graves violations de la liberté religieuse ».
Le rapport annuel recommande au Département d’État américain de désigner à nouveau 12 pays actuellement qualifiés de CPC (Chine, Cuba, Érythrée, Iran, Myanmar, Nicaragua, Corée du Nord, Pakistan, Russie, Arabie saoudite, Tadjikistan et Turkménistan) et d’en désigner cinq. pays supplémentaires (Afghanistan, Inde, Nigéria, Syrie et Vietnam.)
Les libertés religieuses des peuples d’Asie centrale sont violées de manière routinière. Au Tadjikistan, les enfants de moins de 18 ans n’ont pas le droit d’aller à la mosquée et ceux de moins de 35 ans n’ont pas le droit de faire le pèlerinage du hajj. Dernier Août un religieux musulman ismaili, Muzaffar Davlatmirov, a été condamné à cinq ans de prison pour « extrémisme » après avoir célébré les funérailles de manifestants tués par le gouvernement dans la région autonome de Gorno-Badakhshan (GBAO). Dans toute l’Asie centrale, les groupes religieux sont soumis à de lourdes exigences d’enregistrement. Et bien que les conditions se soient légèrement améliorées en Ouzbékistan depuis la mort d’Islam Karimov en 2016, l’USCIRF note que le gouvernement ouzbek continue de « restreindre sévèrement la liberté de religion ou de conviction » via une législation religieuse rendant obligatoire l’enregistrement et interdisant les activités missionnaires.
L’USCIRF est un organisme fédéral bipartisan indépendant qui surveille le statut de la liberté de religion à l’étranger afin de faire des recommandations politiques au président, au secrétaire d’État et au Congrès. Chaque année, l’USCIRF publie un rapport annuel faisant des recommandations. Plus tard dans l’année, le Département d’État américain détermine les pays à inscrire en tant que CPC, ceux à inclure sur la liste de surveillance spéciale et les pays pour lesquels demander des dérogations aux sanctions.
Comme je l’ai couvert dans le passébien que l’International Religious Freedom Act (IRFA) de 1998 fournisse un menu d’options de sanctions punitives, il prévoit également qu’une administration évite toute sanction en demandant une dérogation.
Le Tadjikistan est désigné CPC depuis 2016 et le Turkménistan depuis 2014. L’Ouzbékistan avait été désigné CPC de 2006 à 2018 lorsqu’il a été retiré par le Département d’État américain et placé sur la liste de surveillance spéciale, dont il a été retiré en 2020. L’USCIRF a recommandé une désignation CPC pour Ouzbékistan jusqu’en 2020 et a continué à recommander son inscription sur la liste de surveillance spéciale au cours des années qui ont suivi. Le Kazakhstan a également été recommandé pour la liste de surveillance spéciale pendant quelques années mais n’a jamais été désigné comme tel par le département d’État américain.
Le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan ont toujours obtenu des dérogations aux sanctions – « comme l’exige l’important intérêt national des États-Unis » – même lorsqu’ils ont été désignés comme CPC, et n’ont jamais subi aucune des conséquences décrites par l’IRFA.
Dans les principales conclusions du rapport annuel 2023, l’USCIRF remarque : « L’USCIRF demande depuis longtemps aux administrations de s’abstenir d’émettre des dérogations et de s’appuyer exclusivement sur les sanctions existantes pour tenir les CPC responsables. L’une de ses recommandations à l’administration Biden est de revoir la politique américaine envers le Pakistan, l’Arabie saoudite, le Tadjikistan et le Turkménistan – les quatre pays désignés comme CPC en 2022 mais ayant obtenu des dérogations – « pour apporter des changements de politique ayant des conséquences significatives et encourager un changement positif ».