The State of Emergency in Papua New Guinea: Balancing Order and Rights

L’état d’urgence en Papouasie-Nouvelle-Guinée : équilibrer l’ordre et les droits

Le 12 janvier, le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), James Marape, a déclaré l’état d’urgence pour 14 jours, en réponse à de violentes émeutes. Cette décision soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre le maintien de l’ordre public et le respect des libertés civiles.

La déclaration de l’état d’urgence était la réaction du gouvernement Marape aux graves troubles publics qui ont éclaté le 10 janvier. À 14 heures ce jour-là – surnommé depuis le « mercredi noir » par la population locale – la police et les forces de défense de PNG ont annoncé sur les réseaux sociaux qu’elles avaient « retiré leur services » à la suite de retenues sur salaire supplémentaires qui, selon eux, étaient mal expliquées.

Ce vide soudain en matière d’application de la loi signifie que l’instabilité politique – déjà croissante en raison de l’expiration imminente en février 2024 d’une interdiction post-électorale de 18 mois sur les votes de censure – a atteint une masse critique. Les opposants au gouvernement et les fonctionnaires mécontents, amplifiés par les communications sur les réseaux sociaux, ont déclenché une escalade rapide des troubles publics qui ont finalement donné lieu à certaines des pires violences jamais vues en PNG dans la capitale et dans d’autres centres urbains. Seul le déploiement de l’armée le soir même a rétabli un certain calme, mais il était trop tard pour éviter plus de 20 morts et des incendies criminels généralisés.

La déclaration par Marape d’un état d’urgence de 14 jours lui a permis de destituer le commissaire de police et d’autres membres clés de la police royale de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d’installer de nouveaux dirigeants pour superviser une enquête sur les causes des troubles et rétablir le calme. L’armée et la police sont habilitées à maintenir l’ordre public et aucun rassemblement ni manifestation n’est autorisé. Il s’agit d’un moment fortuit pour le Premier ministre, car les groupes d’opposition censés profiter de l’expiration des restrictions sur les votes de censure n’auront désormais plus la possibilité de se rassembler ou de protester.

Bien que l’article X de la Constitution de PNG autorise ces mesures – elles ont déjà été mises en œuvre à plusieurs reprises sur une base régionale lors de guerres tribales – elles ont sans aucun doute un impact sur les droits civils et politiques internationalement reconnus de la population de PNG, devant laquelle Marape et ses ministres doivent rendre des comptes. Le droit international, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), permet aux États de s’écarter de certaines obligations pendant les états d’urgence, mais cela est conditionné à ce que les mesures soient nécessaires, proportionnées et non discriminatoires. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies (UNHRC) fournit des lignes directrices sur ces exceptions, soulignant l’importance du maintien des droits fondamentaux.

La Constitution de la PNG autorise des mesures d’urgence, comme le montre la section X, mais celles-ci doivent elles aussi respecter les principes de nécessité, de proportionnalité et de légalité. Le système judiciaire de PNG, comme ses homologues d’autres pays de common law, joue un rôle essentiel dans la supervision de la mise en œuvre de ces mesures et dans la sauvegarde des droits constitutionnels.

Au moment de la rédaction de cet article, l’état d’urgence en PNG a été décrit par Marape comme étant « doux », ce qui signifie peut-être que tous les pouvoirs disponibles en vertu de la constitution ne seront pas finalement déployés. Les couvre-feux et les règles élargies d’interpellation, de fouille et de détention n’ont jusqu’à présent pas été mis en œuvre. Les droits de réunion et de protestation sont toutefois actuellement suspendus.

L’utilisation des médias sociaux est surveillée et la menace d’une coupure d’Internet civile reste une possibilité réelle. La PNG dispose d’un cadre strict en matière de cybercriminalité, avec de nombreux cas de poursuites réussies en 2023 pour diffamation via les réseaux sociaux et autres infractions en ligne.

Les entités internationales, notamment les Nations Unies, les organisations régionales telles que l’Association des ONG des îles du Pacifique (PIANGO) et les médias examinent souvent les états d’urgence pour garantir le respect des normes internationales en matière de droits de l’homme. La PNG ne fait pas exception et les premières réactions de ces entités ont jusqu’à présent été largement favorables.

La Chine a toutefois « sévèrement averti » qu’il fallait faire davantage pour protéger les citoyens chinois en PNG, car les ressortissants chinois expatriés ont souffert de manière disproportionnée de la perturbation de l’ordre public. Il reste à voir si « faire plus » invite l’Australie à une plus grande participation, compte tenu de l’accord de sécurité entre l’Australie et la PNG.

L’état d’urgence en Papouasie-Nouvelle-Guinée souligne le défi complexe que représente l’équilibre entre l’ordre public et les libertés civiles. Même si le devoir premier du gouvernement est d’assurer la sécurité et l’ordre, cela ne doit pas se faire au détriment des droits humains fondamentaux. La communauté internationale, le système judiciaire local, la société civile et les médias internationaux jouent un rôle crucial dans le maintien de cet équilibre.

Alors que la PNG traverse cette période difficile, elle sert d’étude de cas en temps réel pour le monde sur la gestion des crises dans le cadre des normes démocratiques et des standards internationaux en matière de droits de l’homme. Les enseignements tirés ici seront essentiels pour les futures stratégies de gouvernance et de gestion des crises, tant en PNG que dans d’autres pays confrontés à des défis similaires.

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