Le Pakistan renégocie des contrats coûteux avec 5 producteurs d'électricité privés
Dans le cadre d'un changement important dans le paysage énergétique du Pakistan, le gouvernement Shehbaz Sharif a approuvé la résiliation des contrats avec cinq producteurs d'électricité indépendants (IPP) privés dans le cadre de réformes plus larges du secteur de l'électricité.
Cette décision fait suite à de longues négociations visant à faire face à la hausse des coûts énergétiques et aux charges financières associées à ces accords.
Les IPP – HUBCO, Lalpir, Saba Power, Rousch Power et Atlas Power – ont été créés lorsque le Pakistan était aux prises avec de graves pénuries d'énergie au début des années 2000. Cependant, les termes de leurs contrats ont contribué à la hausse des prix de l’énergie en raison des incitations généreuses accordées à ces producteurs et des paiements fixes imposés quelle que soit la consommation d’électricité.
La première phase de cette initiative devrait permettre aux consommateurs d'électricité d'économiser environ 411 milliards de roupies pakistanaises (1,48 milliard de dollars) par an tout en allégeant une certaine pression financière sur le trésor national sans encourir de paiements supplémentaires pour les cotisations impayées à ces IPP.
Le Premier ministre Shehbaz Sharif a souligné que ces producteurs ont volontairement accepté de résilier leurs contrats dans l'intérêt national, soulignant leur rôle dans l'ouverture de la voie à de nouvelles réformes dans le secteur de l'énergie. Il a noté que cette décision représente une étape cruciale vers l’aide publique face aux défis économiques actuels.
Cette évolution est particulièrement remarquable compte tenu du contexte historique du Pakistan. Le Pakistan a sanctionné de nombreux projets privés visant à accroître la production d’électricité il y a plus de dix ans, promettant aux investisseurs des rendements garantis élevés et des engagements pour l’énergie non utilisée. Cependant, alors que les conditions économiques se sont détériorées et que la consommation d'électricité a diminué ces dernières années, le Pakistan se retrouve désormais avec une capacité excédentaire qu'il doit continuer à payer. – une situation qui a déclenché de nombreuses protestations contre la hausse des factures des consommateurs.
La capacité du gouvernement à gérer des négociations aussi complexes reflète un besoin urgent de réforme dans un système non viable où les coûts fixes et les paiements de capacité ont exacerbé les défis budgétaires.
Résilier des contrats conclus sous garantie souveraine n’est pas une mince affaire. Cela nécessite non seulement des négociations minutieuses, mais également la création de précédents pour d’éventuelles transactions futures avec des investisseurs internationaux.
La décision récente de cinq producteurs d'électricité de mettre fin à leurs contrats avec l'État pakistanais ne marque que le début d'une tendance plus large. Le gouvernement s’engagera probablement dans des négociations similaires avec de nombreux autres producteurs d’électricité privés, ce qui pourrait conduire à des résiliations de contrats coûteuses.
Cependant, la nature de ces négociations suscite de vives inquiétudes. Ont-ils été menés au terme de discussions sérieuses et d’accords mutuels, ou ont-ils été menés sous pression ? Des rapports indiquent que le gouvernement pourrait avoir eu recours à une assistance militaire dans ces négociations, ce qui suggère que certaines discussions auraient pu avoir lieu sous la contrainte.
Le ministre fédéral de l'Énergie, Awais Leghari, a publiquement assuré aux parties prenantes que le gouvernement ne modifierait pas unilatéralement les contrats IPP. Toutefois, des appréhensions existent quant aux tactiques employées lors de ces négociations. Les investisseurs du secteur énergétique craignent que de telles méthodes coercitives ne mettent en danger les futurs investissements dans le paysage énergétique pakistanais.
Un nombre important de ces producteurs d’électricité comprennent des centrales établies par des investisseurs chinois dans le cadre du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC). La renégociation des accords avec les producteurs d’électricité chinois présente un défi unique par rapport aux propriétaires nationaux de PEI. Il est peu probable que les stratégies coercitives donnent des résultats favorables dans ce contexte. Actuellement, le Pakistan doit plus de 2 milliards de dollars en paiements de capacité aux entités chinoises, et les efforts visant à renégocier leurs accords n’ont pas encore abouti.
Les autorités chinoises semblent réticentes à modifier les accords tarifaires de capacité pour les IPP.
« Lorsque nous buvons de l'eau, nous ne devons pas oublier le puisatier », a déclaré l'ambassadeur de Chine au Pakistan Jiang Zaidonghe lors d'un rassemblement à Islamabad, soulignant les contributions de la Chine pour aider le Pakistan à surmonter de graves pénuries d'énergie et signalant le mécontentement de Pékin face aux demandes de renégociation.
Le Pakistan semble déterminé à démontrer son engagement en faveur de pratiques de négociation équitables en traitant d'abord des conditions avec les entreprises locales avant de s'adresser à ses homologues chinois. Cette stratégie pourrait être une tentative de montrer la sincérité et la situation difficile du Pakistan lorsqu'il recherche des arrangements similaires avec la Chine.
Cependant, l'efficacité de cette approche reste incertaine. Seul le temps nous dira si cela facilitera le succès des renégociations avec les investisseurs chinois ou si cela compliquera davantage une situation déjà délicate.
Quoi qu'il en soit, l'annulation réussie des accords pourrait marquer un moment charnière dans la refonte de l'approche du Pakistan en matière de politique énergétique tout en s'efforçant d'offrir à ses citoyens un accès plus abordable et plus durable.