Is South Korea Prepared for Election Disinformation, Deepfakes, and Cyberattacks?

La Corée du Sud est-elle prête à faire face à la désinformation électorale, aux deepfakes et aux cyberattaques ?

Le troisième itération du Sommet pour la démocratie a eu lieu à Séoul le 20 mars, offrant une plate-forme cruciale permettant aux dirigeants mondiaux de relever les défis liés au renforcement des institutions démocratiques, tant au niveau national qu'à l'étranger. L'événement était particulièrement important car il portait sur l'impact de la désinformation, des fausses nouvelles et des menaces numériques sur les pratiques démocratiques, en particulier à la lumière des les nombreuses élections dans le monde entier aura lieu en 2024.

À cet égard, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, lors de la séance plénière, a souligné l'impact néfaste des fausses nouvelles sur l'intégrité des élections, qui sont le fondement de la démocratie. Le phénomène des fausses images, vidéos et contenus audio générés par l’IA, comme l’a souligné le Premier ministre japonais Kishida Fumio, a également considérablement brouillé les frontières entre la vérité et le mensonge, entravant ainsi la capacité de l'électorat à prendre des décisions politiques éclairées. Secrétaire d'état américain Antoine Blinken a également expliqué comment les régimes autoritaires exploitent les technologies numériques pour éroder les valeurs démocratiques.

De telles remarques soulignent la nature cruciale de cette question dans la politique mondiale. En 2024, plus de 40 élections nationales devraient se produire dans des pays qui contribuent collectivement à plus de la moitié de la la production économique mondialedont l’Inde, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Corée du Sud.

Tendance mondiale : cybermenaces contre le processus électoral

Les préoccupations soulevées par les dirigeants mondiaux lors du Sommet pour la démocratie ne sont pas du tout exagérées. En effet, la sophistication croissante de l’intelligence artificielle (IA) et des technologies de deepfake pose des défis importants à l’intégrité des processus démocratiques dans le monde entier. Ces technologies permettent la création et la diffusion de contenus audio et visuels très convaincants mais entièrement fabriqués, conduisant à des campagnes de désinformation et de désinformation qui peuvent saper la confiance du public et influencer les résultats des élections. Nous voyons déjà des exemples concrets.

Dans les jours précédant les élections législatives slovaques de septembre 2023, extraits audio truqués générée par l'intelligence artificielle, représentant faussement le dirigeant slovaque Michal Šimečka discutant de trucage électoral, diffusée sur les plateformes de médias sociaux. Bien que ces déclarations aient été fabriquées de toutes pièces, la portée de ces enregistrements sur les plateformes de médias sociaux était étendue, et il n'était pas clair combien d'auditeurs savaient que la vidéo était fausse, malgré les efforts post-hoc.

De même, en février 2023, la presse nigériane rapportait un incident impliquant un clip audio généré par l’IA qui prétendait présenter un candidat à la présidentielle discutant de fraude électorale. Ce faux clip audio a été conçu pour paraître convaincant, susceptible d’influencer l’opinion publique et de semer le doute sur l’intégrité du processus électoral.

La Moldavie a également connu un défi similaire lorsqu'une vidéo deepfake a circulé en ligne, montrant faussement la présidente Maia Sandu soutenant un parti favorable à la Russie et annonçant sa démission. Ce deepfake visait à éroder la confiance dans le processus électoral, les candidats et les institutions. Les autorités soupçonnaient l'implication du gouvernement russe.

Dans un exemple plus traditionnel de cybermenace contre les élections, en 2019, l’Australie a été victime d’une cyberattaque ciblant son Parlement national et trois grands partis politiques avant les élections générales. Selon un Rapport Reutersles renseignements australiens ont conclu que l'attaque était soutenue par le ministère chinois de la Sécurité d'État.

Pris ensemble, ces incidents rappellent brutalement que la menace de la désinformation numérique est un défi mondial, qui ne se limite pas à une seule élection ou à un seul pays. L’interconnectivité des plateformes de médias numériques et sociaux permet aux acteurs malveillants d’affiner leurs tactiques dans un seul pays et d’intensifier rapidement leurs campagnes au-delà des frontières, ce qui pourrait avoir un impact sur les processus démocratiques à l’échelle mondiale. Parallèlement, les vulnérabilités des infrastructures nationales de cybersécurité constituent également une menace potentielle pour la sécurité des élections.

Ces cas devraient servir de sonnette d’alarme pour toutes les nations qui se préparent aux élections de 2024.

La Corée du Sud ne fait pas exception

La Corée du Sud, connue pour ses infrastructures numériques avancées, reste vulnérable aux cybermenaces, notamment celles concernant ses élections. Les cyberattaques nord-coréennes continues contre Séoul soulignent un défi crucial pour les prochaines élections générales du 10 avril.

Pyongyang a historiquement employé «troubles sociaux, guerre psychologique et provocations» pour influencer les résultats des élections sud-coréennes. Un transfuge nord-coréen et un ancien colonel nord-coréen du Bureau général de reconnaissance, utilisant le pseudonyme de Kim Kuk Song, divulgué son implication dans une cyber-campagne lors de l'élection présidentielle sud-coréenne de 2012. Selon Kim, les cyber-forces nord-coréennes ont entrepris des opérations pour manipuler l'opinion publique en publiant des commentaires critiques à l'égard de la candidate conservatrice Park Geun-hye et du centriste Ahn Cheol-soo dans les sections de commentaires des articles d'actualité politique. Cette propagande secrète visait à influencer les électeurs sud-coréens vers des candidats perçus comme plus favorables à la Corée du Nord et à exacerber les divisions internes au sein de l'environnement politique sud-coréen.

Cette tendance est encore évidente en 2024. Le Service national de renseignement (NIS) sud-coréen a mis en garde contre le risque accru de désinformation utilisant la technologie numérique avancée pendant les périodes électorales. Un responsable du NIS a soulevé préoccupations que des pirates informatiques soutenus par la Corée du Nord ont commencé à déployer l'IA pour créer de fausses images et de faux textes, attisant les troubles politiques et la confusion en Corée du Sud à l'approche des élections du 10 avril.

En outre, la Corée du Sud devrait également être prudente en matière de cybersécurité de son système électoral électronique. Les cybercapacités de la Corée du Nord continuent de constituer une menace importante, comme le démontre un incident récent impliquant la violation des courriels personnels d'un membre du personnel présidentiel sud-coréen. Cette cyber-intrusion nous rappelle le caractère persistant des cyber-opérations nord-coréennes. Le système électoral sud-coréen pourrait être une cible à l’avenir.

En effet, en octobre 2023, une cybersécurité évaluation menée conjointement par le NIS et la Commission électorale nationale (NEC) a révélé des vulnérabilités importantes au sein de l'infrastructure de cybersécurité de la NEC. Le NIS a averti que des pirates informatiques nord-coréens pourraient potentiellement exploiter ces faiblesses pour accéder au réseau de la NEC, manipuler les informations des électeurs et affecter le résultat d'une élection. L'enquête a mis en évidence plusieurs domaines de préoccupation critiques, notamment la gestion des listes électorales, le dépouillement des bulletins de vote et les systèmes de vote anticipé, qui étaient tous vulnérables aux cyberattaques.

À cet égard, la Corée du Sud devrait déployer des efforts pour protéger ses élections nationales d’avril contre la double menace des cyberattaques nord-coréennes et des campagnes de désinformation dans le cyberespace. Le domaine numérique est déjà devenu un espace de combat clé, la Corée du Nord étant adepte du déploiement de cyberattaques et de tactiques de désinformation omniprésentes visant à saper la stabilité politique et la confiance du public dans les institutions démocratiques.

Les enjeux s’étendent également au-delà des frontières nationales ; une opération de violation ou d’information réussie contre Séoul pourrait servir de modèle à des actions similaires contre d’autres démocraties, potentiellement déstabilisatrices des processus électoraux à l’échelle mondiale. Par conséquent, les efforts de la Corée du Sud dans le cyberespace protègent non seulement ses propres institutions démocratiques, mais contribuent également à la défense plus large de la démocratie dans le monde entier contre la marée montante des menaces cybernétiques et informationnelles.

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