L’État indien de l’Assam va procéder à un recensement des musulmans autochtones
Le gouvernement dirigé par le Bharatiya Janata Party (BJP) dans l’État d’Assam, au nord-est de l’Inde, prévoit de procéder à un recensement des musulmans autochtones de cet État. Si la décision vise apparemment « l’amélioration socio-politique et éducative de la communauté », elle vise également à récolter des dividendes électoraux pour le BJP au pouvoir.
Au début du mois, le cabinet de l’Assam a approuvé le recensement, le décrivant comme une « enquête socio-économique » auprès des 4,2 millions de personnes de l’État.Khilonjiya » ou des musulmans Assamais autochtones, qui comprennent des membres des communautés Goria, Moria, Deshi, Syed et Jolha.
L’enquête sera réalisée par la Direction du développement des zones chars, qui doit être rebaptisée Direction des affaires minoritaires et des zones chars.
Un communiqué officiel du bureau du ministre en chef Himanta Biswa Sarma a déclaré que les résultats de l’enquête permettront au gouvernement d’adopter des « mesures appropriées » pour l’amélioration des minorités autochtones de l’État.
La décision d’identifier cinq groupes comme autochtones est basée sur les recommandations de sept sous-comités constitués par le gouvernement de l’État et répond à une demande de longue date de ces communautés pour une enquête socio-économique en vue de mesures sociales spéciales. Cependant, les gouvernements précédents ont hésité à prendre cette décision. Ces groupes se plaignent du fait que l’importante population de musulmans originaires du Bengale constitue une menace pour leur identité ethnique et leur culture.
Les cinq communautés constituent l’un des trois groupes musulmans de l’Assam, qui comprennent des musulmans d’origine bengali et parlant hindi. Les musulmans assamais représentent 35 pour cent de la population musulmane totale de l’État, qui compte environ 12 millions d’habitants. Les musulmans représentent 34 pour cent de la population totale de l’Assam, soit environ 35 millions d’habitants, ce qui la place au troisième rang parmi tous les États et territoires de l’Union du pays.
La décision du gouvernement d’Assam concernant le recensement doit également être considérée dans le contexte des élections générales imminentes de l’année prochaine. Le BJP et ses alliés espèrent améliorer leur total de 18 sièges remportés dans le nord-est du pays lors des dernières élections générales de 2019. Si l’on en croit un haut fonctionnaire du BJP, au moins deux sièges ayant voté en faveur du parti lors des élections générales de 2019. les élections précédentes étaient « imprévisibles ». Cela explique la focalisation du parti sur l’Assam qui dispose de 14 sièges, soit le maximum parmi tous les États de la région frontalière.
Ainsi, la décision du recensement est également une tactique visant à consolider les communautés musulmanes indigènes en faveur du BJP et un pas vers une polarisation accrue dans l’État entre les musulmans d’origine bengali comprenant à la fois les citoyens et les ressortissants étrangers et le reste de la population. Cela a aidé le parti à récolter de riches dividendes dans un passé récent.
Les musulmans originaires du Bengale ont une influence politique maximale parmi toutes les communautés musulmanes de l’Assam. Selon une estimation, la communauté musulmane originaire du Bengale est le facteur décisif dans au moins 25 des 126 circonscriptions de l’Assemblée de l’État. D’un autre côté, les musulmans assamais n’occupent pas une place particulièrement importante dans la politique de l’Assam et ne constituent pas non plus la majorité dans aucune circonscription. En tendant la main aux musulmans assamais, le BJP espère polariser la société et augmenter sa part des voix.
Il convient de noter que le sentiment contre les hindous et les musulmans originaires du Bengale est très répandu en Assam.
Le BJP a effectivement capitalisé sur la crainte de plusieurs organisations de la société civile et d’une grande partie de la population de l’État d’être réduite à une minorité dans son propre pays si la croissance de la population musulmane originaire du Bengale n’est pas freinée. Le gouvernement a lancé une campagne de répression contre le mariage des enfants et a décidé d’interdire la polygamie, pratiquée par une partie des musulmans de l’État. (Les musulmans sont la seule communauté en Inde autorisée à pratiquer légalement la polygamie en vertu de l’article 2 de la loi d’application du droit personnel musulman (chariat), 1937, qui a maintenant été contestée devant la Cour suprême.)
Plus tôt, le ministre en chef Sarma a déclaré que le BJP n’aurait pas besoin des votes de la « Miya », comme on appelle la communauté musulmane d’Assam originaire du Bengale, pendant 10 ans.
Récemment, le gouvernement a indiqué que des efforts seraient déployés pour identifier les ressortissants étrangers dans l’État qui avaient frauduleusement inscrit leur nom dans le Registre national des citoyens (NRC), ce qui était un exercice visant à enregistrer les noms des citoyens de l’Assam. Le processus, achevé en 2019, a également identifié environ 2 millions de ressortissants étrangers résidant dans l’État.
Ceci mis à part, le gouvernement de l’Assam envisage d’introduire un « cours intensif » pour les membres des tribunaux pour étrangers de l’État afin de les aider à déterminer la citoyenneté des étrangers présumés dans l’État après qu’ils aient été référés soit par la commission électorale, soit par la police. De nombreux jugements de ces tribunaux ont été contestés devant les tribunaux supérieurs pour avoir déclaré par erreur des citoyens comme ressortissants étrangers.