Fractures in New Caledonia’s Independence Movement Widen, Uncertainty Reigns

Les fractures s'élargissent au sein du mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, l'incertitude règne

Dans une démonstration étonnante de politique du tout-aller, Daniel Goa, le président de l'Union Calédonienne (UC), a fait une déclaration provocatrice dans un discours récent« La France nous a tellement trompés que notre souveraineté doit être immédiate, pleine et non négociable », a-t-il déclaré, suggérant le 24 septembre 2024 – le 171e anniversaire de la prise de contrôle française du territoire – comme date de sa proclamation. Cette date avait été initialement évoquée par l’UC avant qu’elle ne propose plus tard le 24 septembre 2025.

Loin d’être un simple changement de date, il met à nu les fractures profondes au sein du mouvement indépendantiste, révélant comment la lutte pour l’autodétermination est devenue de plus en plus chargée de conflits internes et de fragmentation.

Les divisions au sein du mouvement indépendantiste kanak s'accentuent, Front de libération nationale kanak et socialiste Le FLNKS, qui regroupe les principales forces indépendantistes, se fragmente de plus en plus. Le Parti de libération kanak (Palika) et l'Union progressiste en Mélanésie (UPM) ont boycotté le congrès du FLNKS des 30 et 31 août.

L'inclusion de militants jugés radicaux, notamment au sein de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), et le soutien de l'UC à des personnalités controversées ont creusé le fossé entre les différentes factions du mouvement. Les modérés craignent que cette montée des radicaux ne ferme définitivement la porte à toute négociation future, tandis que les éléments les plus extrêmes voient ces actions comme une étape nécessaire vers l'indépendance.

Malgré cela, le FLNKS, lors de son 43e Congrès, a nommé Christian Teinleader du CCAT, en tant que président. Il s’agit en grande partie d’une nomination symbolique, car Tein est actuellement en détention provisoire en France métropolitaine, accusé de plusieurs crimesCe choix reflète l'influence croissante de l'UC et du CCAT au sein du mouvement, la candidature de Tein étant soutenue par les deux groupes, en particulier l'UC après une réunion dans la ville de Voh.

Les récents bouleversements politiques n’ont fait qu’ajouter à l’incertitude. Roch Wamytan, leader historique du mouvement indépendantiste, a été évincé de son poste de président du Congrès, remplacé par Veylma Falaeo, candidat soutenu par les loyalistes et le parti Calédonie Ensemble. Cette défaite inattendue a été vécue par de nombreux partisans de l’indépendance comme une défaite une « surprise » pour certains, et des « avertissements » qui n’ont pas été entendus pour d’autres.

Ce changement de pouvoir a pour conséquence un affaiblissement et une désorganisation du camp indépendantiste. Le départ de Wamytan du leadership a non seulement mis en évidence la fragilité de la coalition indépendantiste, mais a également provoqué une perte de confiance dans la capacité du mouvement à tenir ses promesses.

Aux troubles internes en Nouvelle-Calédonie s'ajoute la paralysie du gouvernement français, actuellement limité à la gestion des affaires courantes après la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron en juin 2024. Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, n'a pas encore nommé de gouvernement. Le retard de Macron à nommer un nouveau Premier ministre a laissé la France avec un gouvernement intérimaire incapable de mettre en œuvre des réponses politiques significatives, notamment concernant la crise en Nouvelle-Calédonie.

Le moment choisi pour cette paralysie gouvernementale ne pouvait pas tomber plus mal. La Nouvelle-Calédonie est confrontée à une cascade de crises socio-économiques. La fermeture de la mine de nickel de Koniambo fin août 2024 a entraîné 1 200 pertes d'emplois. Ce vide n'a fait qu'aggraver les frustrations locales et le sentiment d'abandon des Néo-Calédoniens. Dans le même temps, la Société Immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC), principal bailleur social de l'île, est menacée de liquidation imminente, menaçant de laisser des milliers de familles sans abri.

Face à l'incapacité du gouvernement français à agir, le gouvernement néo-calédonien a pris les choses en main. Elle a lancé une consultation publique en ligne associer les citoyens à la refonte des cadres économiques, sociaux et institutionnels du territoire. Les contributions seront recueillies jusqu'à la mi-septembre, avec pour objectif final de les soumettre au gouvernement français pour inclusion dans la loi de finances 2025. La question est de savoir si ces efforts permettront de combler des fractures qui se creusent ou de simplement masquer des fissures qui se creusent de jour en jour.

Au milieu de cet enchevêtrement de crises politiques, sociales et économiques, le temps presse pour la Nouvelle-Calédonie. Le gouvernement local de la Nouvelle-Calédonie a demandé une aide financière massive à la France – 4,2 milliards d’euros (4,6 milliards de dollars) – pour reconstruire l'île après les récentes émeutes. Cependant, Paris étant incapable de fournir une réponse rapide, les défis économiques et sociaux de l'île continuent de s'aggraver.

Alors que Macron a promis de renouer le dialogue avec les acteurs locaux, l’absence d’un exécutif français fonctionnel jette le doute sur toute avancée réelle.

Alors que les espoirs reposaient initialement sur la nomination potentielle de Bernard Cazeneuvequi avait plaidé pour une approche plus mesurée et pacifique de la Nouvelle-Calédonie – comme il l’a souligné dans un article récent dans L'Opinion La nomination de Barnier au poste de Premier ministre marque un changement de stratégie important. Le choix de Macron de Barnier, un négociateur chevronné et fermement opposé à l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, témoigne d'une volonté de maintenir le statut du territoire au sein de la France. Cette décision risque cependant d'aggraver les tensions avec les factions indépendantistes, qui la perçoivent comme un rejet de leur volonté démocratique.

La nomination de Barnier intervient à un moment critique pour les territoires d'outre-mer français, la Nouvelle-Calédonie étant en première ligne de ce défi. L'ancien commissaire européen devra naviguer avec prudence dans un paysage complexe, en équilibrant le désir de plus grande autonomie de la région avec les intérêts stratégiques de la France. L'issue du mandat de Barnier façonnera non seulement l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, mais mettra également à l'épreuve l'engagement plus large de la France envers ses territoires d'outre-mer dans un environnement mondial de plus en plus incertain.

Déjà en 1996, Barnier avait parlé de l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédoniesoulignant l’importance de définir la nature de son lien avec la France, d’accroître les responsabilités locales et d’assurer un développement économique et social équilibré du territoire.

La Nouvelle-Calédonie se trouve à la croisée des chemins. L'avenir de l'île est en jeu et le temps des demi-mesures est révolu.

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