L’emprise de la Chine sur la quête de leadership spirituel de la Mongolie
La recherche du prochain Jebtsundamba Khutuktu est compliquée par la volonté de Pékin d’affirmer son contrôle sur le bouddhisme tibétain, même en dehors des frontières chinoises.
La poursuite par la Mongolie de son prochain chef spirituel, le Jebtsundamba Khutuktu, est devenue un jeu de pouvoir et d’influence à enjeux élevés dans les coulisses, l’influence croissante de la Chine jetant une ombre sur les affaires religieuses de la nation. Le titre, représentant le plus haut lama du bouddhisme tibétain en Mongolie, est vacant depuis le décès du 9e Jebtsundamba en 2012.
Malgré le souhait du 9e Jebtsundamba que seul le Dalaï Lama reconnaisse son successeur, la Chine semble pousser la Mongolie à demander son approbation avant de reconnaître un nouveau chef. Cette tactique fait partie de la stratégie plus large de la Chine pour contrôler le bouddhisme au-delà de ses frontières, la Mongolie étant une pièce cruciale du puzzle.
Comme le bouddhisme est profondément imbriqué dans la culture, l’histoire et les idées de souveraineté et de démocratie de la Mongolie, l’avenir économique et géopolitique du pays est en jeu.
Le Jebtsundamba Khutuktu est la troisième figure la plus importante de la hiérarchie bouddhiste tibétaine et jouera un rôle important dans la reconnaissance du prochain Dalaï Lama. La Chine vise à installer son propre dalaï-lama pro-chinois, ce qui rend crucial le rôle du 10e Jebtsundamba dans la succession.
L’actuel dalaï-lama – que Pékin considère comme un séparatiste dangereux – s’est rendu à plusieurs reprises en Mongolie, identifiant plusieurs nobles religieux et incarnations. Lors de sa dernière visite en 2016, il aurait secrètement célébré la cérémonie d’identification du nouveau Jebtsundamba, qui avait suscité l’ire de la Chine et un avertissement diplomatique. À cette époque, la Chine imposait des redevances sur les importations de produits de base en provenance de Mongolie, facturant des frais de transit supplémentaires sur les marchandises passant par un passage frontalier vers la région nord de la Chine.
Le processus d’identification du prochain Jebtsundamba Khutuktu est semé d’embûches et de complexités, même en dehors de l’implication de la Chine. L’influence de l’intrigue politique s’est mêlée au processus de sélection. Dans un cas notable, le petit-fils d’un ancien député et d’une femme d’affaires influente a été identifié comme étant le 10e Jebtsundamba.
L’implication de personnalités politiques et commerciales éminentes dans la sélection soulève des questions sur la transparence et l’intégrité du processus, ce qui pourrait saper l’autorité spirituelle du dirigeant choisi. En conséquence, la recherche du prochain Jebtsundamba Khutuktu n’est pas seulement une question d’importance religieuse mais aussi un reflet de la dynamique politique et sociale plus large en Mongolie.
La Mongolie doit naviguer avec prudence dans le réseau complexe d’intérêts et reconnaître son prochain chef spirituel avec prudence. Bien que la Chine ne prenne pas de mesures commerciales et économiques contre la Mongolie comme elle l’a fait en 2017 à la suite de la visite du Dalaï Lama, une approche stratégique de cette question religieuse sensible est essentielle.
La quête du prochain Jebtsundamba Khutuktu transcende la signification religieuse, devenant un champ de bataille politique, économique et géopolitique.