L'Indonésie assouplit les règles de contenu local pour stimuler les investissements dans les énergies vertes
Le gouvernement indonésien a annoncé avoir assoupli ses exigences en matière de contenu local dans le secteur de l'énergie, afin d'attirer des financements concessionnels pour les investissements dans les énergies renouvelables de la part des banques de développement internationales, a rapporté hier Reuters.
L'agence de presse a cité Rachmat Kaimuddin, vice-ministre des Affaires maritimes et de l'Investissement, qui a déclaré que le gouvernement avait adopté une nouvelle réglementation, en vertu de laquelle il exemptera les projets qui reçoivent au moins 50 % de financement de prêteurs multilatéraux ou bilatéraux étrangers des règles de contenu local.
« Si nous utilisons des fonds provenant d’agences de financement du développement qui ont des règles d’approvisionnement différentes, dont nous sommes membres, nous pouvons suivre un accord que nous avons établi », a déclaré Rachmat lors d’une conférence de presse pour le secteur de l’électricité. « La raison pour laquelle nous faisons cela est que nous voulons obtenir des concessions de la part des institutions financières de développement. »
Selon la réglementation indonésienne actuelle, toutes les infrastructures d'électricité destinées à la consommation publique doivent utiliser des biens et services produits localement. En vertu du règlement ministériel sur l'industrie n° 54/2012, les projets d'énergie solaire sont soumis à une exigence de contenu local de 40 %, les centrales hydroélectriques doivent avoir au moins 50 % d'énergie locale et les centrales géothermiques au moins 30 %. Cette réglementation fait partie de la série d'exigences de contenu local du pays, ou LCR, qui visent à garantir que les investissements étrangers favorisent la croissance de la capacité manufacturière et technologique nationale.
Cependant, des inquiétudes subsistent quant au fait que les LCR dans le secteur de l’énergie ont ralenti le versement des fonds du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), doté de 20 milliards de dollars. Annoncé pour la première fois en novembre 2022, le JETP vise à faciliter la transition de l’Indonésie vers la neutralité carbone d’ici 2050 et à promouvoir son passage d’une électricité sale alimentée au charbon à des formes d’énergie plus propres. Dans le cadre de ce partenariat, un groupe de partenaires internationaux (IPG) composé des pays du Groupe des Sept, de la Norvège et du Danemark a promis de mobiliser 10 milliards de dollars de financement, ainsi qu’un montant équivalent provenant d’une alliance du secteur privé.
En août dernier, Scot Marciel, ancien ambassadeur des États-Unis en Indonésie de 2010 à 2013, affirmait dans The Diplomat que le JETP offrait à l’Indonésie une occasion en or d’accélérer sa transition vers l’énergie verte et de devenir une destination plus attractive pour les investissements étrangers. Mais il notait que « l’environnement réglementaire actuel, notamment l’exigence de contenu local de Jakarta, rend l’investissement dans les énergies renouvelables peu attrayant ».
Selon une autre évaluation publiée sur le site Internet du JETP Indonesia, les réglementations sur le contenu local « restreignent la capacité des développeurs à s’approvisionner en dehors de l’Indonésie, où les coûts des composants d’énergie renouvelable pour le solaire photovoltaïque, l’éolien et les batteries ont chuté rapidement ces dernières années. En conséquence, la demande d’énergie renouvelable est directement impactée par ces prix élevés et ces contraintes de capacité. »
En conséquence, les demandes pour que le gouvernement réévalue ses LCR se multiplient, le JETP Indonesia appelant le gouvernement à « revoir les réglementations existantes pour l’application des LCR aux marchés publics financés par les banques multinationales de développement ».
Selon Reuters, les projets de centrales solaires pourront utiliser des panneaux importés, « à condition que l’opérateur du projet obtienne une autorisation ministérielle, signe un contrat d’achat d’électricité avant la fin de 2024 et que la centrale soit opérationnelle d’ici le premier semestre de 2026 ». Les panneaux solaires doivent « également provenir d’entreprises qui s’engagent à investir dans une usine de production en Indonésie ».
Cette mesure ne marque pas un abandon définitif des LCR, mais plutôt un ajustement du système afin d’équilibrer le besoin d’investissement étranger et le développement des industries locales. Il reste à voir si cet équilibre peut être atteint dans le cadre de la nouvelle réglementation ou si Jakarta devra apporter des changements supplémentaires et plus radicaux à son régime LCR.