Le Vietnam emprisonne 54 fonctionnaires pour une affaire de greffe de vols COVID-19
Parmi les fonctionnaires les plus éminents figuraient des membres de haut rang des ministères des affaires étrangères, de la santé publique et de la sécurité publique.
Vendredi, l’une des plus importantes affaires de corruption au Vietnam s’est conclue par de lourdes peines de prison pour 54 personnes, dont un ancien vice-ministre des Affaires étrangères et plusieurs hauts diplomates.
Ils ont été accusés et reconnus coupables d’être impliqués dans le scandale dit des « vols de rapatriement », dans lequel des diplomates et des entreprises ont demandé des pots-de-vin à des citoyens vietnamiens à l’étranger qui voulaient rentrer dans le pays sur des vols charters organisés au plus fort de la pandémie de COVID-19. Ces manigances ont entraîné une série d’accusations, notamment le versement de pots-de-vin, la réception de pots-de-vin, le courtage de pots-de-vin, «l’abus de titres et de pouvoirs» et l’appropriation frauduleuse d’actifs.
Selon des informations parues dans le journal d’État VTC, 25 fonctionnaires ont été reconnus coupables d’avoir accepté des pots-de-vin d’une valeur totale de 7,4 millions de dollars. Des condamnations à perpétuité ont été prononcées contre quatre anciens hauts fonctionnaires des ministères des affaires étrangères, de la santé et de la sécurité publique, parmi lesquels Pham Trung Kien, assistant d’un vice-ministre de la santé, qui a été reconnu coupable d’avoir reçu plus de 1,79 million de dollars en pots-de-vin.
Parmi les autres accusés de premier plan figuraient le vice-ministre des Affaires étrangères To Anh Dung, qui a été condamné à 16 ans de prison après avoir été reconnu coupable d’avoir accepté environ 907 000 dollars de pots-de-vin, ont rapporté les médias officiels. Le vice-ministre des Affaires étrangères Vu Hong Nam, l’ancien ambassadeur au Japon, a été condamné à 30 mois de prison, tandis que l’ancien ambassadeur du Vietnam en Malaisie, Tran Viet Thai, a été condamné à quatre ans.
Le procès, qui a débuté le 11 juillet, est la dernière étape de la campagne anti-corruption menée depuis des années par Nguyen Phu Trong, le chef du Parti communiste du Vietnam (PCV).
Le scandale des vols de rapatriement, qui a cru avoir généré environ 200 millions de dollars en revenus illicites pour les personnes impliquées, était l’un des deux cas de greffe liés au COVID-19, l’autre impliquant des kits de test COVID-19 hors de prix. Ces scandales ont entraîné la démission forcée en janvier du président Nguyen Xuan Phuc et la démission de deux des quatre vice-premiers ministres du pays, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Pham Binh Minh. Le scandale a également conduit à une purge du ministère des Affaires étrangères, au cours de laquelle des fonctionnaires consulaires en poste dans des ambassades en Russie, en Malaisie, en Angola et au Japon ont été limogés et expulsés du CPV. D’autres responsables, dont l’actuel ambassadeur en Malaisie, l’ancien ambassadeur en Inde et le consul général à Fukuoka, au Japon, ont été réprimandés.
Ces scandales ont particulièrement porté atteinte à l’image du CPV compte tenu des sacrifices que les citoyens vietnamiens ont dû consentir pour endiguer la propagation du coronavirus.
Appelé point lo, ou « fournaise ardente », la campagne anti-corruption de Trong est une réponse à la corruption et à la mise en drapeau qui se sont généralisées alors que l’économie vietnamienne a explosé au cours des deux dernières décennies, une tendance qui menace de saper la légitimité morale et politique du PCV. En appliquant une chaleur extrême au problème, Trong espère « brûler » les fonctionnaires corrompus, laissant le parti à la fois moralement nettoyé et politiquement relégitimé. Le problème est que c’est exactement le système vietnamien de « socialisme de marché » sous le régime du parti unique qui a créé de telles opportunités de corruption en premier lieu.
Le dilemme du PCV – sa tentative d’utiliser les pouvoirs du parti-État pour résoudre ses propres contradictions – a donc une sorte de caractère de poursuite qui garantit que de tels scandales continueront d’être une caractéristique périodique de la vie politique vietnamienne pour le un avenir prévisible.