Le Japon déploie un système d’interception PAC3 pour le lancement d’un satellite espion en Corée du Nord
La batterie PAC-3 déployée au siège du ministère de la Défense à Tokyo à Ichigaya, vue ici en avril 2023.
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Les Forces d’autodéfense japonaises (SDF) déploient des missiles intercepteurs Patriot Advanced Capability-3 basés au sol et des destroyers de guerre équipés d’Aegis transportant des intercepteurs Standard Missile-3 basés en mer pour se préparer au premier lancement de satellite de reconnaissance militaire de la Corée du Nord.
Le déploiement intervient à un moment politiquement important, alors que le président américain Joe Biden accueille mercredi le président sud-coréen Yoon Suk-yeol pour un sommet bilatéral à Washington. Les deux dirigeants sont sur le point d’annoncer de nouvelles mesures pour renforcer la dissuasion étendue des États-Unis contre Pyongyang.
Cela survient également après que le ministre japonais de la Défense, Hamada Yasukazu, a ordonné le 22 avril aux FDS de se «préparer à détruire» des missiles balistiques ou d’autres objets tombant qui pourraient pénétrer sur le territoire japonais et blesser ses citoyens ou endommager leurs biens.
C’était la première fois depuis décembre 2012 que le Japon ordonnait le déploiement des destroyers équipés du Patriot (PAC3) et de l’Aegis spécifiquement pour « se préparer à détruire » tout missile tiré par la Corée du Nord. Plus généralement, un «ordre de destruction» permanent permettant aux FDS d’intercepter des projectiles a été émis pour la première fois en 2009 et est en vigueur depuis août 2016.
En émettant l’ordre, Hamada répondait à l’annonce de la Corée du Nord le 19 avril selon laquelle elle terminait les derniers arrangements pour lancer un satellite espion militaire. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a ordonné aux techniciens d’accélérer les derniers préparatifs pour le lancement du « satellite de reconnaissance militaire n°1 » à une « date prévue », selon l’agence de presse centrale nord-coréenne (KCNA).
KCNA n’a pas précisé quelle était exactement la « date prévue ». Cependant, en décembre 2022, KCNA a rapporté que la National Aerospace Development Administration (NADA) de Corée du Nord avait déclaré qu’elle achèverait les préparatifs de son premier satellite de reconnaissance militaire d’ici avril 2023, incitant ainsi le Japon à être prêt à abattre immédiatement tout composant de fusée nord-coréen qui tombe.
Pour contrer la menace croissante des missiles balistiques posée par Pyongyang, le Japon utilise actuellement un système de défense antimissile balistique (BMD) multicouche, l’interception de niveau supérieur étant assurée par des destroyers équipés d’Aegis tels que la classe Kongo, la classe Atago et la classe Maya. L’engagement de niveau inférieur est assuré par des systèmes de défense aérienne PAC-3 terrestres.
Au total, quelque 34 PAC-3 et ses MSE PAC-3 améliorés (améliorations du segment de missiles) sont actuellement déployés dans 17 unités de tir de la Force aérienne d’autodéfense japonaise (JASDF) à travers le pays. Le PAC-3 a une portée d’interception d’environ 20 kilomètres de rayon. En raison du nombre limité de PAC-3, l’ensemble du pays ne peut pas être couvert uniquement par ce système de défense aérienne.
Dans une telle situation, le gouvernement japonais donne désormais la priorité au déploiement du système PAC-3 dans les trois îles de Yonaguni, Miyako et Ishigaki. Tous trois font partie des îles Sakishima dans la préfecture d’Okinawa, au sud du Japon.
En 2012 et 2016, Pyongyang a lancé des missiles balistiques censés être des satellites artificiels, et les projectiles ont survolé des zones proches de ces îles.
Cependant, les habitants d’Okinawa sont divisés sur l’opportunité d’accepter le déploiement du système PAC-3, malgré certains risques imminents de chute de débris de missiles ou de satellites sur le sol japonais. Plus de quelques Okinawans ont encore de fortes allergies militaires.
Le gouverneur d’Okinawa, Denny Tamaki, un politicien japonais libéral, a exhorté le gouvernement central à rendre des comptes aux communautés locales et à les tenir informées de la situation.
Maedomari Hiromori, professeur à l’Université internationale d’Okinawa, a écrit dans The Ryukyu Shimpo le 23 avril :
La délivrance de l’ordre de préparer des mesures de destruction est un geste dangereux qui pourrait conduire à une situation d’urgence ou à un conflit, et constitue une grave question diplomatique. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une urgence, l’ordre a été émis sans discussion formelle à la Diète. L’administration Kishida a même décidé de questions qui vont au-delà de la Constitution, comme la possession de la capacité d’attaquer les bases ennemies uniquement lors d’une réunion du Cabinet.
Pendant ce temps, le maire d’Ishigaki, Nakayama Yoshitaka, un politicien conservateur, a montré sa volonté d’accepter les unités de missiles pour se préparer à une urgence de sécurité nationale, soulignant que la sécurité de la communauté est la priorité absolue.
Miyake Kunihiko, conseiller spécial du Cabinet, a déclaré lors d’une émission de radio diffusée le 24 avril que le déploiement de systèmes d’interception dans la chaîne de l’île de Nansei au sud-ouest du Japon est un message non seulement à la Corée du Nord mais aussi à la Chine.