North Korea Ramps up Arms Sales to Russia, Iran, Syria, and Others

L'alliance militaire entre la Russie et la Corée du Nord : comment réduire ses conséquences négatives

Le partenariat stratégique global signé récemment entre Moscou et Pyongyang est une évolution inquiétante qui rend la situation actuelle dans la péninsule coréenne plus dangereuse. Comme il s’agit très probablement d’une erreur stratégique du président russe Vladimir Poutine, Moscou ferait bien d’en limiter les conséquences négatives. D’autres parties prenantes, dont Séoul, Washington, Pékin et Tokyo, doivent également faire leur part pour réduire les tensions actuelles dans la péninsule.

Ce qui rend le partenariat entre la Russie et la Corée du Nord dangereux, c'est qu'il contient une clause prévoyant un pacte militaire qui engage les deux parties à se venir en aide si l'une d'elles venait à être attaquée par un tiers. Ce pacte semble équivaloir à une alliance militaire bilatérale officielle et à un traité de défense mutuelle.

Le danger est que Kim Jong-un, le leader d’une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire, se sente encore plus enhardi par ce pacte et se lance dans des provocations militaires contre la Corée du Sud. Même avant la signature du pacte, les relations entre Moscou et Pyongyang étaient devenues plus étroites que jamais depuis les années 1980. Ce pacte pourrait renforcer le sentiment de sécurité dont jouit désormais Kim. Le soutien de Moscou et de Pékin pourrait l’encourager à prendre davantage de risques vis-à-vis de Séoul, de Washington et de Tokyo.

Si l'on peut établir un parallèle historique, la situation actuelle rappelle quelque peu celle de 1950, lorsque Kim Il Sung, le grand-père de Kim Jong-un et alors dirigeant nord-coréen, lança la guerre de Corée avec le soutien de Moscou et de Pékin. Bien qu'il soit très peu probable que Kim Jong-un veuille lancer une invasion à grande échelle de la Corée du Sud, il est possible qu'il se sente suffisamment enhardi pour se lancer dans des provocations militaires limitées. Le danger est que de telles provocations dégénèrent en une guerre à grande échelle.

Comme toute guerre dans la péninsule coréenne impliquera directement les États-Unis, Poutine doit se demander s’il est prêt à entrer en guerre contre Washington pour sauver Kim des conséquences de son propre aventurisme militaire. S’il n’est pas prêt à le faire, il pourrait peut-être tirer des leçons de l’exemple de Joseph Staline, le dictateur soviétique. Bien que Staline ait donné sa bénédiction au projet de Kim Il Sung d’envahir la Corée du Sud, il a pris soin d’éviter de se retrouver entraîné dans une guerre directe avec Washington à cause de l’aventurisme de Kim. En conséquence, l’Union soviétique n’a pas combattu les États-Unis pendant la guerre de Corée, sauf lors de batailles aériennes limitées entre des pilotes américains et des pilotes soviétiques camouflés en pilotes chinois.

Le pacte entre la Russie et la Corée du Nord, qui vient d’être signé, est un handicap, pas un atout. Il n’apporte rien de plus à Moscou que ce qu’il obtenait déjà de Pyongyang, ni que ce qu’il pourrait obtenir de Pyongyang sans un tel pacte. Même avant la signature du pacte, la Russie recevait des munitions de la Corée du Nord en quantités importantes pour soutenir sa guerre en Ukraine, et le pacte n’est apparemment pas nécessaire pour que Moscou reçoive d’autres avantages potentiels de Pyongyang. Plus important encore, Moscou doit comprendre que quel que soit le bénéfice qu’il pourrait tirer du pacte, il ne vaut clairement pas le risque de se retrouver entraîné dans une guerre contre Washington.

Moscou a plus à perdre qu’à gagner, car le pacte a suscité une vive inquiétude à Séoul, Washington, Tokyo et ailleurs. Les responsables politiques de Séoul craignent que cet accord ne soit le signe d’une coopération militaire plus étroite entre Moscou et Pyongyang, notamment d’une aide russe à la Corée du Nord pour perfectionner ses armes nucléaires et ses systèmes de lancement de missiles. En conséquence, Séoul a fait savoir qu’il pourrait transférer des armes létales à l’Ukraine si Moscou apporte une telle aide à Pyongyang.

La Russie ferait bien de comprendre que la Corée du Sud est un exportateur d’armes majeur et que les armes que la Corée du Sud peut fournir à l’Ukraine lui feront bien plus de mal que les munitions que la Corée du Nord lui fournit. De plus, la Corée du Sud est économiquement beaucoup plus puissante que la Corée du Nord et Moscou doit comprendre qu’à long terme, elle a beaucoup plus à gagner à entretenir de bonnes relations avec Séoul qu’avec Pyongyang.

En conséquence, Moscou doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour minimiser les retombées négatives du pacte. Moscou doit assurer Séoul qu’il ne laissera pas ses relations avec la Corée du Sud se détériorer indûment, et une façon d’y parvenir est de s’abstenir d’aider Pyongyang à faire progresser ses programmes nucléaire et balistique. Le pacte contient une clause de sauvegarde : l’ensemble du partenariat dont il fait partie peut être abrogé unilatéralement par une partie par notification écrite à l’autre partie. Moscou peut laisser entendre à Pyongyang qu’il pourrait abroger le partenariat si Pyongyang prenait des risques militaires que Moscou considère comme excessifs et inacceptables.

Pékin peut également faire écho à ces avertissements en signalant à Pyongyang qu’il s’oppose à toute prise de risque excessive et qu’il soutient la stabilité dans la péninsule coréenne. Enfin, Séoul, Washington, Tokyo et d’autres doivent faire ce qu’ils peuvent pour apaiser les tensions dans la péninsule, notamment en poursuivant leurs efforts pour engager des pourparlers avec Pyongyang.

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