India’s Membership of the CMF: Mapping the Future of India-US Maritime Ties

Adhésion de l'Inde au CMF : cartographier l'avenir des relations maritimes entre l'Inde et les États-Unis

L'adhésion à part entière de l'Inde aux Forces maritimes combinées (CMF) multinationales dirigées par les États-Unis, annoncée en novembre 2023, représente un changement radical dans les relations indo-américaines. L'adhésion de l'Inde à la force – commandée par un vice-amiral de la marine américaine – actualise un scénario dans lequel un officier supérieur de la marine indienne codirige potentiellement l'une des cinq forces opérationnelles combinées (CTF) du CMF avec son homologue américain. L'adhésion de l'Inde au CMF lui permet de construire le nerf nécessaire à une interopérabilité accrue avec les autres membres, et notamment avec les États-Unis.

L’Inde et les États-Unis peuvent s’appuyer sur cette évolution de deux manières : tracer des voies pour une interopérabilité renforcée et donner la priorité aux domaines dans lesquels l’Inde, les États-Unis et d’autres pays partageant les mêmes idées peuvent apaiser les conflits.

La marine indienne dans l'océan Indien

Dans la région de l'océan Indien (IOR) – une zone prioritaire pour la marine indienne (IN) – les partenariats maritimes sont essentiels pour faire progresser les objectifs de sécurité de l'Inde. L’IN a un historique de missions indépendantes. Cependant, le récent déploiement de l'IN dans le golfe d'Aden pour dissuader les acteurs non étatiques souligne une prise de conscience accrue de l'importance pour l'IN de travailler en étroite collaboration avec d'autres puissances maritimes. À cette fin, l’IN a mené à la mi-avril sa toute première mission opérant sous pavillon étranger. Lors de sa première mission CMF, l'IN a interdit le commerce des stupéfiants sous le commandement de la CTF-150, dirigée par la Marine canadienne.

Feuille de route

L'adhésion de l'Inde au CMF lui permet de collaborer davantage avec d'autres puissances maritimes au-delà des exercices. L’Inde et les États-Unis peuvent collaborer spécifiquement sur deux choses :

  1. Cartographie des pistes pour l’interopérabilité Inde-États-Unis

Les relations indo-américaines se sont transformées au cours des deux dernières décennies. Le commerce de la défense est « devenu un aspect central » et des exercices militaires bilatéraux sont régulièrement organisés. Cette progression des liens est limitée par le manque d’une plus grande interopérabilité. Défini comme la capacité « d’agir ensemble de manière cohérente, efficace et efficiente pour atteindre des objectifs tactiques, opérationnels et stratégiques », l’interopérabilité était principalement limitée aux exercices, les deux États menant des patrouilles conjointes avec d’autres partenaires ces dernières années.

L'adhésion de l'Inde au CMF lui permet de renforcer l'interopérabilité d'une manière qui aurait été difficile à entreprendre il y a à peine dix ans. Les deux États se sont engagés à « améliorer l'interopérabilité » et, en tant que membre du CMF, l'Inde a son mot à dire dans les affaires opérationnelles de la force.

Selon l’armée américaine, les niveaux d’interopérabilité progressent de la déconfliction à la compatibilité puis à l’intégration. Pour que l’Inde et les États-Unis passent d’un État sans conflit à un État plus compatible, les deux États devraient envisager de trouver des moyens de renforcer l’interopérabilité.

Compte tenu des sensibilités indiennes, il serait politiquement plus faisable que les deux partenaires se concentrent sur les opérations contre les acteurs non étatiques. La mission d'interdiction des stupéfiants menée par l'IN à la mi-avril en est un bon exemple. Cela peut être élargi en se concentrant sur l’assistance humanitaire et les secours en cas de catastrophe (HADR), la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) et les opérations de lutte contre la piraterie – toutes les activités qui relèvent ou peuvent être placées dans le champ d’application des cinq CTF. . Ayant son mot à dire dans les affaires opérationnelles du CMF, l'IN peut faire avancer le débat sur les mandats des CTF, en les alignant sur les objectifs identifiés dans la stratégie de sécurité maritime de l'IN de 2015, y compris une zone élargie du domaine maritime, un accent sur les points d'étranglement maritimes clés, et en se concentrant sur les menaces non traditionnelles comme le changement climatique et les catastrophes naturelles.

  1. Prioriser les domaines de déconfliction

La déconfliction est une première étape, quoique cruciale, vers la construction de l’interopérabilité. En identifiant les domaines dans lesquels l’IN peut jouer un rôle de leader, l’Inde et ses partenaires maritimes peuvent réorienter judicieusement les ressources de l’IOR. Lorsque l’IN et d’autres marines, y compris l’US Navy, ont répondu au tsunami de 2004 avec des missions HADR, la coordination entre les différentes marines a été améliorée, ce qui a permis d’instaurer la confiance. Même si cette réponse a été réactive, en tant que membre du CMF, l’Inde et d’autres partenaires peuvent réfléchir de manière proactive aux domaines dans lesquels ils peuvent désamorcer les conflits.

Une voie concrète consiste à renforcer les capacités. L’Inde, les États-Unis et d’autres pays aident régulièrement les États côtiers à renforcer leurs capacités, et les CT-151 et –153 du CMF sont mandatés à cet effet. Compte tenu de l'expérience de l'Inde en matière de renforcement des capacités, elle peut chercher à augmenter le nombre d'États dans lesquels elle contribue au renforcement des capacités, en se concentrant sur les nations maritimes africaines, et à sortir des conflits avec d'autres partenaires du CMF qui entreprennent actuellement de tels exercices. Le développement des capacités est essentiel au renforcement du leadership régional et à l'instauration de la confiance et, surtout, il est conforme à l'objectif déclaré de l'Inde d'être un « fournisseur de sécurité Internet ».

Ashley Tellis note que pour les États-Unis, la coopération en matière de défense concerne fondamentalement « l’interopérabilité militaire ». Étant donné qu'il y a à peine dix ans, le terme « interopérabilité » était « un anathème pour les responsables indiens », l'adhésion de l'Inde au CMF doit être considérée dans le contexte de l'évolution des relations indo-américaines et de la présence et du leadership accrus de l'IN au sein de l'IOR. Compte tenu des ambitions croissantes de l'Inde dans le domaine maritime, il est crucial de renforcer l'interopérabilité avec les États-Unis et les puissances maritimes partageant les mêmes idées, et de résoudre les conflits lorsque cela est possible, comme indiqué ci-dessus. Aucune nation ne peut faire cavalier seul pour assurer la sécurité maritime régionale, et même s'il faut reconnaître et saluer l'adhésion de l'Inde au CMF, l'IN devrait continuer à tracer des pistes pour renforcer l'interopérabilité.

Cet article a été initialement publié dans New Perspectives on Asia du Centre d’études stratégiques et internationales et est reproduit avec autorisation.

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