Why Sri Lanka Must Rethink its Engagement with Adani Group

Pourquoi le Sri Lanka doit repenser son engagement avec le groupe Adani

L'inculpation de l'homme d'affaires milliardaire indien et président du groupe Adani, Gautam Adani, de son neveu Sagar Adani et d'autres personnes devant un tribunal américain a sonné l'alarme sur les marchés mondiaux, y compris au Sri Lanka, où le groupe Adani est profondément impliqué dans les infrastructures clés et projets d’énergies renouvelables.

Adani a été accusé d'avoir dissimulé 265 millions de dollars de pots-de-vin versés à des représentants du gouvernement indien entre 2020 et 2024 pour obtenir des contrats lucratifs dans le domaine de l'énergie solaire. Ces révélations ont non seulement ébranlé la confiance des investisseurs, mais ont également jeté une ombre sur le paysage politique et économique du Sri Lanka.

Pour ajouter à la tourmente, S&P Global a abaissé les perspectives financières de plusieurs sociétés du groupe Adani liées au Sri Lanka, invoquant des problèmes de gouvernance et de financement. Il s'agit notamment d'Adani Ports and Special Economic Zone Ltd., qui est impliquée dans le projet de terminal à conteneurs du port ouest de Colombo, et d'Adani Green Energy Ltd., qui dirige le projet controversé d'énergie éolienne de Mannar.

Ces développements ont souligné les risques liés au recours à un conglomérat désormais soumis à la surveillance internationale. Cela soulève des questions sur le processus par lequel ces contrats ont été attribués.

L'acte d'accusation a relancé les appels des militants politiques et écologistes sri-lankais à arrêter tous les projets Adani dans le pays et à examiner les irrégularités dans la manière dont ces accords ont été conclus. Selon Pubudu Jayagoda, secrétaire à l'Éducation du Parti socialiste de première ligne, l'ordonnance du tribunal américain confirme les préoccupations de longue date concernant les relations d'Adani au Sri Lanka.

Jayagoda a souligné que les directives de passation des marchés du Sri Lanka mettent l'accent sur la transparence et la concurrence, principes manifestement ignorés lors de l'attribution du terminal portuaire de Colombo et des projets éoliens de Mannar. Des rapports suggèrent que l'ancien président Gotabaya Rajapaksa a subi des pressions de la part du Premier ministre indien Narendra Modi pour contourner les processus d'appel d'offres en faveur d'Adani, une affirmation corroborée par un haut responsable du Ceylon Electricity Board en 2022.

L'administration précédente de Ranil Wickremesinghe a continué à défendre les projets Adani malgré les allégations d'irrégularités. L’ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Ali Sabry a même comparé ces accords à des « accords de gouvernement à gouvernement », une affirmation désormais remise en question par les militants qui exigent une divulgation publique complète des termes des contrats, des évaluations des projets et des détails financiers.

Le projet éolien de Mannar a été un sujet de controverse, les environnementalistes, dont l'évêque de Mannar et des experts universitaires, soulignant ses dommages écologiques potentiels. Situé sur l’île de Mannar, un point critique sur la voie de migration d’Asie centrale pour les oiseaux migrateurs, le projet menace des millions d’espèces aviaires. Les critiques ont également souligné l’insuffisance de l’évaluation de l’impact environnemental, qui, selon eux, a été manipulée en faveur d’Adani.

Le projet soulève également des préoccupations financières. Les pétitionnaires devant la Cour suprême du Sri Lanka soutiennent que le tarif convenu de 0,0826 dollar par kilowattheure est exorbitant, comparé aux tarifs de moins de 0,04 dollar en Inde. Ils affirment que ces coûts gonflés pèsent sur les consommateurs sri-lankais tout en profitant à Adani. De plus, les questions sur les conditions de location des terrains et l'exclusion de sites alternatifs ajoutent au manque de transparence autour du projet.

L'acte d'accusation constitue une opportunité cruciale pour le gouvernement du Pouvoir populaire national (NPP) nouvellement élu, dirigé par Anura Kumara Dissanayake, de répondre à ces controverses. Après avoir fait campagne sur un programme d'intégrité et de transparence, le gouvernement s'est engagé à examiner minutieusement tous les accords signés par les administrations précédentes, y compris ceux avec Adani.

Jayagoda a souligné les implications géopolitiques de ces projets, affirmant qu'ils représentent une extension économique de l'influence indienne au Sri Lanka. « Dans les années 1980, l’Inde est intervenue militairement. Maintenant, ils le font économiquement », a-t-il déclaré.

Pour beaucoup, l’arrêt des projets Adani symboliserait un rejet des pressions extérieures et un engagement à restaurer la souveraineté sur les industries stratégiques.

Le Sri Lanka n'est pas le seul à réévaluer ses partenariats avec le groupe Adani. Le Kenya a récemment annulé des contrats de plusieurs milliards de dollars impliquant Adani, et un projet énergétique au Bangladesh fait l'objet d'une enquête judiciaire.

La surveillance mondiale souligne la nécessité pour le Sri Lanka de protéger ses intérêts nationaux et de veiller à ce que les investissements étrangers soient alignés sur le bien-être public et environnemental.

L'acte d'accusation du tribunal américain a placé le groupe Adani au centre d'un scandale mondial, obligeant le Sri Lanka à faire une pause, à réévaluer et à donner la priorité à la transparence. Pour le gouvernement du NPP, il s’agit là de plus qu’une question juridique ou économique. C’est un test de son engagement en faveur de la transparence et de la lutte contre la corruption.

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