Digitalization: How the EU Can Transform Central Asia 

Numérisation : comment l’UE peut transformer l’Asie centrale

Ces dernières années, les technologies numériques sont apparues comme des facteurs essentiels capables de remodeler fondamentalement non seulement la dynamique de la concurrence, mais également l’équilibre des pouvoirs géopolitiques. Leur prolifération exponentielle a également transformé la vie des populations du monde entier, ouvrant la porte à des perspectives de développement durable sans précédent, tout en ouvrant la voie à des risques potentiels qui nécessitent un examen attentif.. Fin 2022, l’Union européenne (UE) a déclaré le lancement des initiatives phares de Global Gatewayl’un axé sur l’eau, l’énergie et le climat et l’autre sur la connectivité numérique en Asie centrale, qui vise à améliorer l’accès de la région à un Internet sécurisé grâce à des connexions satellite fiables.

L’UE a récemment publié les résultats de son étude sur les liaisons de transport durables entre Europe et Asie centraleentreprise dans le cadre de la stratégie Global Gateway.

Même si l’UE est un retardataire numérique doté de ressources limitées, elle a encore le potentiel de contribuer à la transformation numérique de l’Asie centrale en tirant parti de ses atouts comparatifs dans des domaines tels qu’une gouvernance numérique efficace, un développement numérique inclusif et la numérisation des transports..

Une gouvernance numérique efficace et inclusive

L’UE a la possibilité d’avoir un impact significatif sur les pays d’Asie centrale en fournissant une assistance au développement d’une gouvernance numérique efficace et inclusive. L’UE entend faire pression en faveur de réformes en matière de gouvernance numérique, avec un accent particulier sur des domaines tels que les télécommunications, la protection des données personnelles, la cybersécurité et la préservation des droits de l’homme. Conformément à sa décision récemment adoptée Diplomatie numérique priorités, l’UE prévoit en outre de partager ses normes élevées et ses meilleures pratiques avec les pays de la région par l’intégration dans les programmes et initiatives des États membres.

Dans ce contexte, les pays d’Asie centrale peuvent bénéficier d’une assistance technique, notamment d’un renforcement des capacités réglementaires et juridiques, ainsi que d’un soutien financier aux bénéficiaires privés, publics ou de partenariats public-privé. Cette assistance contribuerait à renforcer leurs cadres institutionnels, en donnant la priorité aux intérêts et au bien-être des individus, conformément aux priorités du Hub du numérique pour le développement (D4D). Simultanément, en adoptant l’approche et l’expertise européennes en matière de connectivité, de cybersécurité et de centres de données écologiques, qui sont mondialement reconnues, les pays de la région peuvent élaborer des politiques et des programmes d’investissement pour stimuler le secteur privé des télécommunications de détail et offrir des services du dernier kilomètre.

En outre, les pays d’Asie centrale peuvent adopter les normes de bonnes pratiques établies par l’UE, qui ont obtenu la reconnaissance et l’approbation internationales des principaux organismes de normalisation tels que l’Organisation internationale de normalisation, la Commission électrotechnique internationale et l’Union internationale des télécommunications. Ces normes sont protégées par les réglementations et règles de l’Organisation mondiale du commerce, garantissant qu’elles ne peuvent pas être interdites dans le commerce international. S’aligner sur ces normes aiderait les pays d’Asie centrale à se conformer aux normes mondiales et à accroître leur participation au commerce international.

Dans l’ensemble, l’adoption des normes de l’UE, associée à l’aide de l’UE en matière de gouvernance numérique, permettrait non seulement aux pays d’Asie centrale de développer une gouvernance numérique efficace et inclusive, mais soutiendrait également les réformes nationales en cours, conduisant à une croissance et un développement inclusifs.

Développement numérique inclusif et durable

Le plan proposé par l’UE visant à construire des stations terriennes avec des points d’échange Internet intégrés et des centres de données verts en Asie centrale (à l’exclusion du Turkménistan) pourrait avoir un impact significatif sur la région. Cette initiative compléterait les projets nationaux de haut débit par fibre optique en cours et résoudrait le problème de l’accès limité à Internet, en particulier dans les zones reculées et rurales.

Des études ont révélé que près de la moitié de la population d’Asie centrale n’a pas accès à Internet et que les pays de la région ont des vitesses de téléchargement lentes, avec Tadjikistan et Turkménistan se classant parmi les plus lents au monde. Pour relever ces défis, l’UE pourrait établir des connexions satellitaires complètes, en mettant particulièrement l’accent sur les satellites en orbite terrestre basse (LEO). Une telle approche fournirait une solution durable pour améliorer l’accessibilité dans les zones reculées et réduire la fracture numérique aux niveaux national et régional.

Les avantages de cette initiative auraient de vastes implications, en particulier pour les secteurs de services vitaux tels que l’agriculture, la santé, l’éducation et la finance. L’accès à un Internet fiable révolutionnerait ces secteurs et rendrait la région plus attrayante pour les investisseurs du secteur privé.

De plus, des découvertes récentes ont démontré que les pays dotés d’une infrastructure de connectivité robuste soient mieux équipés pour atténuer jusqu’à 50 pour cent des impacts économiques négatifs causés par les pandémies. De plus, études menées par la Banque mondiale indiquent qu’une augmentation de 1 pour cent seulement de la connectivité Internet peut entraîner une augmentation de 4,3 pour cent des exportations. Par conséquent, ces efforts contribueraient non seulement à un développement numérique inclusif, mais favoriseraient également la résilience économique en Asie centrale, en s’alignant sur la stratégie de l’UE pour l’Asie centrale.

Numérisation des transports

L’UE dispose d’un potentiel important pour soutenir les pays d’Asie centrale dans leurs efforts visant à numériser les documents de transport et à améliorer le commerce transfrontalier sans papier. Cela inclut la mise en œuvre de systèmes électroniques tels que l’e-CMR (International Carriage of Goods by Road) et l’e-TIR (Transports Internationaux Routiers). Il est crucial de reconnaître la demande croissante de facilitation des échanges en Asie centrale, qui constitue une région clé reliant l’Est et l’Ouest. Cependant, la situation actuelle présente des défis pour le commerce international en raison de la congestion croissante du trafic sur les routes en évolution et des difficultés aux passages frontaliers. Ces obstacles entravent la circulation des marchandises et entraînent de longues attentes aux points de contrôle frontaliers, ce qui a un impact négatif sur les conducteurs, les opérateurs de transport et le commerce en général.

Avec l’aide de l’UE, l’Asie centrale pourrait relever efficacement ces défis en adoptant des solutions numériques telles que l’e-CMR et l’e-TIR, au lieu de s’appuyer uniquement sur la construction d’infrastructures physiques, qui prend du temps et coûte cher. Des études récentes ont montré que la mise en œuvre de l’e-CMR peut réduire considérablement les problèmes de non-conformité, permettre le suivi des signatures, fournir un accès instantané aux documents, renforcer la sécurité de l’échange de documents, améliorer l’efficacité administrative (entraînant une réduction potentielle des coûts de 45 à 55 %) et réduire le traitement temps (ce qui entraîne des coûts de traitement 3 à 4 fois inférieurs).

En outre, la mise en œuvre de l’e-TIR a démontré le potentiel de réduire la durée du transport jusqu’à 80 pour cent et de réduire les dépenses jusqu’à 38 pour cent. BERD résultats suggèrent qu’avec l’e-TIR, les pays d’Asie centrale peuvent réduire davantage le temps administratif pour toutes les parties impliquées, y compris les expéditeurs, les transporteurs et les gouvernements. En fournissant des informations préalables sur le fret et en permettant l’échange d’informations en temps réel, l’e-TIR peut accélérer le traitement aux frontières.. Il offre également des délais de livraison plus précis, accorde aux transporteurs un accès 24h/24 et 7j/7 sans avoir besoin de garanties et réduit le temps administratif, les coûts, les émissions de carbone et la consommation de papier. Par conséquent, toutes ces mesures seraient cruciales pour réduire les erreurs, améliorer la transparence, lutter contre la corruption et réduire les délais administratifs et les coûts associés au commerce. De plus, ils auraient des résultats environnementaux positifs en minimisant la consommation de papier et le transport de documents papier.

Dans l’ensemble, la connectivité numérique constitue un domaine d’action relativement nouveau pour l’UE dans le monde et entièrement nouveau en Asie centrale. De plus, l’UE est un retardataire dans le domaine numérique et dispose de ressources limitées pour les projets numériques dans la région. Malgré ces défis, l’UE peut encore avoir un impact substantiel en utilisant ses atouts en matière de gouvernance numérique, en favorisant un développement numérique inclusif et en promouvant la numérisation des documents de transport. Ces efforts ont le potentiel de contribuer grandement à la prospérité économique, à la résilience et à la coopération de la région, le tout conformément à la stratégie de l’UE pour l’Asie centrale et à la stratégie de porte d’entrée mondiale. Enfin et surtout, ces efforts s’alignent sur les nouvelles aspirations géopolitiques de l’UE dans un ordre numérique mondial en évolution.

A lire également