Les Philippines adopteront une approche multilatérale face aux tensions en mer de Chine méridionale
La campagne d’escalade menée par la Chine contre le Second Thomas Shoal, détenu par les Philippines, ne fera que renforcer les liens de Manille avec les puissances extérieures qui la soutiennent.
Les Philippines envisagent de renforcer leurs activités multilatérales en mer de Chine méridionale afin de sauvegarder leur souveraineté contre une série d’incursions chinoises, a déclaré hier le ministre de la Défense du pays.
Le secrétaire à la Défense, Gilberto Teodoro, a fait ce commentaire lors d’une longue interview télévisée hier sur le réseau public PTV, moins d’une semaine après un incident au cours duquel des navires chinois ont bloqué et sont entrés en collision avec deux navires philippins dans des eaux contestées.
Dans l’interview, Teodoro a déclaré qu’un incident dangereux « pourrait amener des nations plus disposées à se joindre à notre combat », selon un rapport de Reuters, sans toutefois préciser ce que cela impliquerait.
L’incident du 22 octobre, que Teodoro a dénoncé peu après comme un acte de « force brute » et une « violation flagrante du droit international », s’est produit près du Second Thomas Shoal, un haut-fond submergé situé bien à l’intérieur de la zone économique exclusive de 200 milles marins de Manille. Zone. L’action chinoise était la dernière d’une série de tentatives visant à empêcher les Philippines de réapprovisionner le personnel philippin stationné à bord du BRP Sierra Madre, un navire de la Seconde Guerre mondiale qui a été délibérément échoué sur le haut-fond en 1999.
Cette année, la Chine a fait un certain nombre de tentatives de plus en plus énergiques pour bloquer les missions de ravitaillement à Second Thomas Shoal, dans le but apparent d’en déloger les Philippines. Les tensions qui en résultent menacent de faire dérailler les relations sino-philippines, voire de déclencher un conflit.
Cette semaine, les deux parties ont échangé leurs accusations quant à la responsabilité des collisions. Le gouvernement chinois a accusé les navires philippins de « pénétrer sans autorisation » sur le territoire chinois et a appelé Manille à cesser de « causer des troubles et des provocations » en mer.
Teodoro a déclaré lundi que les garde-côtes chinois avaient « harcelé et frappé intentionnellement » les deux navires philippins, décrivant cette action comme « une grave escalade des activités illégales menées par le gouvernement chinois dans la mer occidentale des Philippines, au mépris total de toute norme ou convention de la loi internationale. »
L’action chinoise a ensuite été condamnée par un certain nombre de partenaires proches des Philippines, dont les États-Unis, qui ont répété cette semaine qu’ils étaient tenus par un traité de défendre les Philippines en cas d’attaque armée en mer de Chine méridionale.
Toujours dans l’interview d’hier, Teodoro a critiqué le gouvernement chinois pour avoir décrit les Philippines comme une marionnette des États-Unis et affirmé que le franc-parler croissant de Manille sur les questions liées à la mer de Chine méridionale faisait partie d’un complot américain visant à contenir la Chine.
« Ce que dit la Chine, les récits chinois préférés, c’est que tout cela n’est qu’une pièce de théâtre des États-Unis et que nous ne sommes que des marionnettes ou des marionnettes des Américains qui suivent leur stratégie », a déclaré Teodoro.
Selon le chef de la défense, la Chine a supposé que « nous n’avons pas la capacité de penser par nous-mêmes et de défendre nos propres droits ». Il a ajouté : « C’est insultant pour les Philippins. »
En effet, il n’est pas peu ironique que la campagne actuelle d’escalade chinoise en mer de Chine méridionale ait déjà contribué à un renforcement rapide de son alliance de sécurité avec les États-Unis. Cela inclut l’expansion de l’accord de coopération renforcée en matière de défense de 2014, qui a accordé à l’armée américaine l’accès à quatre installations militaires philippines supplémentaires, et des discussions sur des patrouilles conjointes en mer de Chine méridionale avec les États-Unis, le Japon et potentiellement d’autres partenaires philippins. (On pourrait supposer que les appels de Teodoro en faveur d’une plus grande coopération multilatérale étendraient et s’appuieraient sur ces initiatives.)
Tant que la Chine maintiendra la pression, elle ne fera qu’inciter les Philippines à s’appuyer davantage sur le soutien de leurs partenaires les plus puissants.