L’ONU déclare avoir besoin de 876 millions de dollars pour la crise des réfugiés rohingyas
Les Nations Unies ont appelé cette semaine à un financement de 876 millions de dollars pour les musulmans rohingyas au Bangladesh pour 2023, avertissant que les besoins d’un million de réfugiés estimés restent « urgents ».
Dans un communiqué publié mardi, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, a déclaré qu’elle recherchait des fonds pour 978 000 réfugiés rohingyas à Cox’s Bazar et sur l’île de Bhasan Char, et 495 000 Bangladais dans les communautés voisines. Le financement fournira à ces populations « de la nourriture, un abri, des soins de santé, un accès à l’eau potable, des services de protection, une éducation, ainsi que des moyens de subsistance et le développement des compétences ».
« Avec la diminution des financements, les réfugiés doivent faire face à encore plus de défis dans leur vie quotidienne en termes de nutrition adéquate, de matériaux d’abri, d’installations sanitaires et d’opportunités de subsistance », a déclaré le HCR dans le communiqué.
L’appel du HCR intervient dans un contexte de crise financière internationale, avec des budgets étirés par la pandémie de COVID-19 et le ralentissement économique mondial actuel, et l’attention de la communauté mondiale des donateurs attirée dans différentes directions par une multitude de crises mondiales.
Le mois dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a annoncé qu’il réduisait l’aide alimentaire aux réfugiés rohingyas au Bangladesh, accusant un manque de financement international. Le PAM a déclaré qu’il réduirait la valeur de son aide alimentaire de 12 dollars par personne à 10 dollars à partir du mois prochain, et a appelé à un financement urgent de 125 millions de dollars pour combler le déficit. Comme l’a déclaré le HCR cette semaine, « Ces réductions des rations entraîneront probablement des taux de malnutrition plus élevés, une détérioration de la santé, des abandons scolaires, une augmentation des cas de mariage d’enfants, de travail des enfants et de violence sexiste ».
La ville de Cox’s Bazar, dans le sud-est du Bangladesh, a accueilli environ 1 million de civils rohingyas depuis 2017, lorsque les assauts militaires du Myanmar ont chassé plus de 700 000 personnes de l’État de Rakhine vers le Bangladesh. Ces réfugiés sont maintenant hébergés dans une série d’installations délabrées mais de plus en plus permanentes autour de Cox’s Bazar.
Bloqués dans une sorte de vide juridique et politique et coupés de la plupart des opportunités de subsistance, la plupart dépendent désormais presque entièrement de l’aide humanitaire. Il y a également peu de chances qu’ils retournent au Myanmar, où l’instabilité politique provoquée par le coup d’État militaire de février 2021 a entraîné une aggravation du conflit. La nature délabrée et souvent dangereuse des camps a été mise en évidence par l’incendie massif qui a ravagé une grande partie du camp 11 à Cox’s Bazar le 5 mars, qui a détruit plus de 2 000 abris et plus de 90 installations, y compris des hôpitaux et des centres d’apprentissage, laissant des milliers de personnes sans abri.
En effet, la situation désastreuse dans les camps, qui comprend également des abus sexuels endémiques et les menaces posées par les gangs criminels, a incité un nombre croissant de Rohingyas à tenter de périlleux voyages océaniques à travers la mer d’Andaman, à la recherche d’un refuge dans d’autres parties de l’Asie du Sud-Est, notamment la Malaisie et l’Indonésie. En janvier, le HCR a signalé que plus de 3 500 personnes avaient tenté de fuir le Myanmar et le Bangladesh par la mer en 2022, soit près de cinq fois plus que l’année précédente.
La demande de l’ONU offre un autre rappel, s’il en était besoin, que l’une des plus grandes crises de réfugiés au monde continue de couver, avec peu de chance de résolution. Le sort des réfugiés rohingyas étant relégué aux marges de la conscience internationale, la mobilisation des fonds nécessaires pour soutenir les efforts d’aide actuels restera probablement un défi annuel.