Will Thailand’s Move Forward Party Give Up on Lese-Majeste Reform? 

Le parti thaïlandais Move Forward renoncera-t-il à la réforme de Lese-Majeste ?

Même si cela retarde pour l’instant la modification de la loi royale sur la diffamation, un changement est probablement inévitable compte tenu de l’évolution de l’attitude du public envers la monarchie.

Un panneau d’affichage du roi Vajiralongkorn de Thaïlande à Krabi, dans le sud de la Thaïlande, le 24 novembre 2019.

Crédit : Depositphotos

Que le parti Move Forward (MFP) se voie refuser ou non la possibilité de prendre ses fonctions, sa victoire aux élections générales du mois dernier était la plus proche d’un sondage d’opinion sur la façon dont les Thaïlandais pensent qu’ils devraient être autorisés à parler de leur monarchie. Pendant des décennies, les réactionnaires royalistes ont affirmé que la famille royale est tenue en si haute estime par les masses que même la moindre bouffée de critique doit être éliminée de peur que les mêmes personnes ne l’entendent, comme si l’affection pour cette institution pouvait être exprimée aussi facilement que un ballon. En même temps, ils ont conspiré pour s’assurer qu’il ne peut y avoir d’évaluation précise de l’humeur réelle du public envers la monarchie, car tout ce qui n’est pas obséquieux est considéré comme hérétique. Il y a quelque chose de prophylactique et d’inoculation dans la loi de lèse-majesté du pays.

Mais le mois dernier, plus de 14,4 millions de Thaïlandais, soit près des deux cinquièmes de l’électorat, se sont présentés et ont voté pour un parti qui dit explicitement qu’il veut réformer ou abolir la lèse-majesté. Les royalistes ne peuvent plus prétendre que l’électorat ignorait la position du MFP à ce sujet, qu’il s’agissait d’un gage tertiaire discrètement glissé tardivement. On a du mal à trouver une mention publique du MFP qui n’ait pas également inclus ses vues sur cette question. Et depuis des mois, les royalistes réclament la dissolution du MFP uniquement parce que de sa position sur la lèse-majesté. En tant que tels, ces mêmes réactionnaires royalistes doivent maintenant faire face à la situation où ils ont fait de la campagne du MFP pour la réforme de lèse-majesté le récit édifiant de l’élection, mais ils ont maintenant les résultats en noir et blanc.

Certes, on pourrait affirmer que 62 % de l’électorat n’a pas voté pour un parti si explicitement lié à la réforme de la lèse-majesté, bien que certains au sein du parti Pheu Thai, deuxième (qui a remporté 28 %), aient déclaré qu’ils étaient ouverts à un débat parlementaire sur la réforme. Et, bien sûr, tous ceux qui ont voté pour le MFP n’étaient pas d’accord avec l’appel du parti à abolir ou à réformer la lèse-majesté. Mais on ne peut pas non plus dire qu’ils étaient tous en désaccord avec cela. En fait, en raison du degré de controverse entourant cette question des plus taboues, on pourrait penser que ces électeurs savaient exactement pour quoi ils votaient.

Cela mérite d’être reconnu comme un exploit du parti et du peuple thaïlandais, même par ceux qui craignent désormais que le MFP abandonne sa vision radicale de la lèse-majesté pour entrer au gouvernement. Si le chef du MFP, Pita Limjaroenrat, veut devenir Premier ministre, le MFP et sa coalition de huit partis doivent trouver 63 voix supplémentaires auprès des législateurs (principalement des conservateurs et des royalistes) avant que le Parlement ne se réunisse à nouveau le 3 août pour élire un Premier ministre.

Bien que nécessaire, la réforme en lèse-majesté n’est pas la tâche la plus importante qui attend le MFP. Les abolitionnistes de l’article 112 ne devraient pas non plus considérer leur cause abandonnée si le changement n’intervient pas aussi tôt qu’ils le souhaitent. Les projets de la coalition dirigée par le MFP de rédiger une nouvelle constitution véritablement démocratique et d’inverser l’extrême centralisation du pouvoir administratif autour de l’armée sont des conditions préalables à une réforme sociale ou culturelle. Si l’on veut de véritables progrès sur la liberté d’expression, y compris autour de la monarchie, alors la tâche principale est de s’assurer que l’armée ne revienne jamais au pouvoir politique. La coalition pourrait renvoyer l’affaire à un législateur du MFP pour qu’il la soumette au parlement à une date ultérieure. Un compromis pourrait être atteint : un référendum public sur la question de savoir si les lois de lèse-majesté doivent être (a) laissées telles quelles ; (b) réformés pour réduire leur portée et leurs peines ; ou (c) aboli. (Un choix binaire entre continuité ou changement aurait moins de sens.)

Mais il ne s’agit pas seulement de législation. Ce type de réforme est culturel avant d’être légal. On pourrait affirmer que le MFP n’aurait jamais remporté les élections du mois dernier si les manifestations dirigées par les jeunes de 2020-2021 n’avaient pas eu lieu, ouvrant la voie à un débat public sur la lèse-majesté qui se faisait attendre depuis longtemps. Ces manifestations ont lancé la question sur la place publique alors qu’elle avait déjà fait l’objet de remarques à voix basse entre amis ou entre universitaires. Cela ne sera plus annulé, quoi qu’il arrive avec Pita et le MFP. Et la nature ascendante de cet activisme doit être rappelée.

Une approche graduelle n’est pas fausse non plus. Il est possible, comme je l’ai souligné dans une chronique récente ici, que l’on puisse avoir la situation où la lèse-majesté reste dans les livres, mais elle est modifiée de sorte qu’une peine maximale soit une amende dérisoire et une tape sur les doigts. Une étape importante serait de modifier la manière dont les gens sont accusés d’hérésie de lèse-majesté, qui est actuellement que n’importe qui pourrait accuser une autre personne. Ou, en effet, un gouvernement dirigé par le MFP pourrait faire connaître aux juges ses préférences pour les peines minimales dans les futures affaires de lèse-majesté. Un gouvernement dirigé par le MFP pourrait subventionner les avocats des accusés accusés de lèse-majesté, en veillant à ce que ces choses soient jugées correctement par les tribunaux. Pour mélanger mes métaphores, ce qu’il faut pour que cet estuaire de débat se transforme en un changement radical, c’est que les gens réalisent que le ciel ne nous tombera pas si chaque insulte perçue de la monarchie ne rencontre pas la répression la plus vicieuse.

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