ASEAN and Canada Must Seek Common Ground to Finalize Free Trade Agreement

L’ASEAN et le Canada doivent rechercher un terrain d’entente pour finaliser l’accord de libre-échange

L’Asie du Sud-Est est une région charnière pour le Canada, et sa Stratégie indo-pacifique récemment lancée met fortement l’accent sur le renforcement des relations avec cette région dynamique. Un financement impressionnant de 2,3 milliards de dollars canadiens a été affecté à cette stratégie au cours des cinq prochaines années, dont plus de 10 % spécifiquement alloués à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE). L’un des principaux objectifs est de renforcer les relations commerciales avec cette région stratégique de l’Indo-Pacifique.

En novembre 2021, exactement un an avant l’annonce de la stratégie, l’ASEAN et le Canada ont entamé des négociations sur l’accord de libre-échange (ALE) ASEAN-Canada. Cette évolution remarquable du partenariat entre l’ASEAN et le Canada témoigne de l’engagement inébranlable d’Ottawa à promouvoir l’engagement commercial et économique dans la région – une stratégie essentielle pour diversifier le commerce et les investissements du Canada, qui se sont traditionnellement concentrés sur les États-Unis et la Chine.

L’étude de faisabilité conjointe de 2018 menée par l’ASEAN et le Canada pour l’ALE ASEAN-Canada a souligné le potentiel de mise en œuvre d’un accord qui englobe la libéralisation des marchandises, la réduction des mesures non tarifaires et l’amélioration de la facilitation des échanges. L’étude a révélé qu’un tel accord entraînerait des avantages économiques substantiels, notamment une augmentation remarquable de 39,4 milliards de dollars américains (1,6 %) du PIB de l’ANASE et de 5,1 milliards de dollars américains (0,3 %) du PIB du Canada. De plus, l’accord alimenterait les exportations de l’ANASE vers le Canada d’un montant stupéfiant de 3,36 milliards de dollars américains (18,7 %) et les exportations canadiennes vers l’ANASE d’un montant impressionnant de 3,18 milliards de dollars américains (26,5 %).

En plus des gains économiques, l’ALE ASEAN-Canada accorderait au Canada l’accès au marché aux pays de l’ASEAN qui ne font pas partie de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) : le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, le Myanmar, les Philippines et Thaïlande. Cela présente une multitude de possibilités pour le Canada dans diverses industries axées sur l’exportation telles que le pétrole et le gaz, l’exploitation minière, les technologies de pointe, les télécommunications, l’agroalimentaire, les services financiers, l’aviation et les biens de consommation. Chacun de ces pays offre aux entreprises canadiennes des perspectives importantes pour prospérer et étendre leur portée.

De plus, la mise en œuvre de l’ALE ASEAN-Canada uniformiserait le paysage concurrentiel du Canada dans la région, en particulier par rapport à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande. Ces deux pays, déjà bénéficiaires d’un ALE régional, bénéficient actuellement d’une entrée préférentielle pour leurs exportateurs dans les pays membres de l’ASEAN. En les rejoignant par le biais de son propre ALE avec l’ASEAN, le Canada assurerait une concurrence loyale et créerait des règles du jeu équitables, permettant aux exportateurs canadiens d’exploiter l’immense potentiel du marché de l’Asie du Sud-Est pour les produits agricoles et les ressources naturelles essentiels.

Négocier un accord de libre-échange avec l’ASEAN est cependant une tâche ardue, semée d’embûches à tous les niveaux. Les complexités du « jeu à trois niveaux » compliquent le processus alors que l’ASEAN s’engage dans des négociations avec des pays comme le Canada.

Au niveau national, chaque État membre de l’ASEAN dirige le navire de négociation en fonction de ses intérêts nationaux. Divers ordres du jour et priorités rivalisent pour influencer le gouvernement national, faisant de la recherche d’un consensus une tâche redoutable.

En montant au niveau régional, l’ASEAN doit lutter pour l’unité entre ses États membres. Mais parvenir à un consensus au sein de ce bloc diversifié n’est pas une promenade de santé. C’est une bataille longue et interminable, nécessitant de la finesse diplomatique et d’innombrables séries de discussions.

Vient maintenant le niveau international, où le Canada entre en scène. Au fur et à mesure que les négociations progressent entre l’ASEAN et le Canada, ils naviguent dans un labyrinthe de complexités. C’est un jeu à enjeux élevés, où les deux parties doivent trouver un terrain d’entente au milieu de leurs intérêts divergents.

Cependant, les défis ne s’arrêtent pas là. Au sein même de l’ASEAN, une dynamique « à deux niveaux » ajoute une autre couche de complexité. Les économies avancées de l’ASEAN-6 (Brunei, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour et Thaïlande) contrastent fortement avec les économies émergentes du Cambodge, du Laos, du Myanmar et du Vietnam (CLMV). Les disparités de revenu, les différents niveaux de ressources humaines, la capacité institutionnelle, le développement des infrastructures et la compétitivité globale créent un fossé qui doit être comblé pour un ALE réussi.

Le Canada, désireux d’obtenir un accord favorable, fait pression pour l’inclusion de six domaines critiques dans les discussions de négociation. Ces domaines couvrent le travail, l’environnement, le genre, les monopoles et les entreprises publiques, les marchés publics, la transparence et la lutte contre la corruption. Mais étant donné les différents niveaux de développement au sein de l’ASEAN, trouver un terrain d’entente sur ces sujets est une bataille difficile.

Dans la quête d’un ALE mutuellement avantageux, l’ANASE et le Canada sont confrontés à la tâche difficile de trouver un terrain d’entente. Cependant, une approche échelonnée pourrait être la clé d’une conclusion rapide des négociations de l’ALE. En se concentrant sur des domaines majeurs tels que le commerce des marchandises, le commerce des services, l’investissement, le commerce électronique, la propriété intellectuelle, la politique de la concurrence et les mécanismes de règlement des différends, les deux parties pourraient finaliser les accords initiaux. Cette approche permet une inclusion graduelle des domaines les plus avancés dans l’accord alors que les deux parties acceptent de négocier la mise à niveau de l’ALE ASEAN-Canada à l’avenir.

S’inspirant de modèles réussis, tels que l’ALE ASEAN-Australie-Nouvelle-Zélande, qui a été récemment mis à jour pour englober de nouveaux chapitres et dispositions, l’ASEAN et le Canada peuvent suivre une voie similaire. Cette approche permet une flexibilité et une adaptation dans le temps. Le Canada s’est également montré ouvert à la mise à niveau des ALE, comme en témoigne l’ALE Canada-Chili, qui a été amélioré en 2019 pour inclure un chapitre sur le commerce et le genre. Par conséquent, une approche échelonnée est à la fois faisable et potentiellement acceptable pour l’ANASE et le Canada.

Combler l’écart de développement au sein de l’ASEAN est un autre aspect crucial qui mérite notre attention. Il est essentiel de combler ce fossé pour s’assurer que les États membres de l’ANASE sont prêts à inclure des domaines plus avancés dans l’ALE. Pour y parvenir, le Canada devrait envisager de soutenir les initiatives de renforcement des capacités de ses partenaires de l’ASEAN, en particulier dans les six domaines qu’il préconise : travail, environnement, genre, monopoles et entreprises d’État, marchés publics, et transparence et lutte contre la corruption.

En trouvant une approche intermédiaire et en accordant la priorité aux principaux domaines d’accord, l’ASEAN et le Canada peuvent ouvrir la voie à un ALE réussi qui apporte des avantages mutuels et renforce les liens économiques. La volonté des deux parties d’adapter et de mettre à jour l’accord au fil du temps démontre leur engagement à favoriser une relation commerciale solide et inclusive. Au fur et à mesure que les négociations se poursuivent, il sera crucial de combler l’écart de développement et de soutenir les efforts de renforcement des capacités pour parvenir à un ALE ANASE-Canada complet et équilibré.

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